Paris s'est de nouveau prononcé sur les manifestations en Algérie en estimant qu'il est temps de réaliser la transition. Tout en saluant «le civisme remarquable» du peuple algérien qui manifeste depuis six vendredi, demandant la fin du système au pouvoir, Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, a déclaré, vendredi dernier à des médias à New York, en marge de réunions de l'ONU, que la transition «maintenant s'impose» et qu'elle «puisse se dérouler dans les meilleures conditions» sans pour autant en détailler les contours. Rappelant sa confiance au peuple, il affirme que «l'Algérie doit être maîtresse de son destin». Cette déclaration du chef de la diplomatie française est la première du genre suite à la proposition, mardi dernier, du général-major Gaïd Salah, chef de l'état-major de l'armée, de mettre en œuvre l'article 102 de la Constitution pour déclarer la vacance du pouvoir. Evoquant la situation en Algérie, le ministre français des Affaires étrangères avait fait une mise au point, le 20 mars dernier, devant la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française. «Sur la situation en Algérie, je voudrais dire les choses de manière très claire, parce qu'au cours des derniers jours, notre position a donné lieu à des détournements, des incompréhensions, des raccourcis». Rappelant la souveraineté de l'Algérie, il a affirmé que «la France n'a pas à s'immiscer dans les affaires intérieures de l'Algérie, elle n'a pas à le faire et elle ne cherche pas à le faire», précisant que «c'est au peuple algérien et à lui seul qu'il revient de décider souverainement de son avenir». Il avait également expliqué que «la solution appartient aux Algériens, il ne revient pas à la France de se prononcer sur les choix qui devront être faits. C'est aux seuls Algériens d'en décider par le dialogue démocratique». Il avait, en la circonstance, exprimé le souhait de Paris de voir «une forme de transition s'engager rapidement», ajoutant que «pour accompagner cette dynamique, nous parlons aux autorités algériennes mais nous écoutons aussi la société civile dans son expression forte». Depuis le début du mouvement populaire, l'attitude de Paris a changé avec les circonstances, épousant les rapports de force qui se jouent en Algérie. Le 6 mars, et après deux semaines de contestation populaire, la France se positionne derrière Bouteflika et annonce, par le truchement de Le Drian, qu'«il faut laisser le processus électoral se dérouler» devant l'Assemblée nationale française. «La France, évidemment, en raison de nos liens historiques (...), est très attentive au déroulé de cette échéance majeure (élection présidentielle du 18 avril, ndlr)». Il avait également souligné, à l'occasion, le caractère pacifique des manifestations. Le 11 du même mois, et après le message de Bouteflika dans lequel il dit renoncer au cinquième mandat en proposant une feuille de route pour rénover le système politique, Le Drian s'est félicité, dans un communiqué, de cette décision. «Je salue la déclaration du Président Bouteflika par laquelle il annonce ne pas solliciter un cinquième mandat et prendre des mesures pour rénover le système politique algérien», avait-il indiqué. Le chef de la diplomatie française ajoutait que «la France exprime l'espoir qu'une nouvelle dynamique à même de répondre aux aspirations profondes du peuple algérien puisse s'engager rapidement».