Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, affronte, aujourd'hui, des élections locales en pleine tempête économique qui l'a contraint à mener une campagne acharnée pour éviter un vote sanction contre son parti, notamment à Istanbul et Ankara.Aujourd'hui, près de 58 millions d'électeurs turcs sont appelés à se rendre aux urnes pour élire leur maire et leur muhtar, sorte de chef de quartier, avec une attention particulière pour les 30 municipalités métropolitaines qui constituent le cœur économique du pays. Pour éviter un revers de son Parti de la justice et du développement (AKP) à Istanbul, capitale économique du pays, dont il a lui-même été maire, M. Erdogan y a dépêché un poids lourd : l'ancien Premier ministre Binali Yildirim. Mais l'uppercut pourrait venir d'Ankara où le candidat de l'AKP, un ancien ministre, et celui de l'opposition sont au coude-à-coude. Alors que l'AKP a bâti l'essentiel de son succès électoral sur la réussite de l'économie depuis 17 ans, cette question est devenue son talon d'Achille pour ce scrutin. L'économie turque est en effet entrée en récession pour la première fois depuis 10 ans et l'inflation, alimentée par l'affaissement de la livre turque, a durement frappé les consommateurs au porte-monnaie, en particulier dans le secteur de l'alimentation. Plutôt que de faire campagne sur l'économie, le président turc a entraîné le débat sur le terrain sécuritaire, décrivant un pays cerné par des défis sécuritaires et des puissances hostiles. Pour mettre toutes les chances de son côté, M. Erdogan a aussi maintenu une alliance nouée l'an dernier avec les ultranationalistes du MHP qui soutiennent les candidats AKP à Istanbul et Ankara. Reformant le front anti-Erdogan constitué lors des législatives l'an dernier, l'opposition a présenté des candidats communs dans plusieurs villes, notamment à Istanbul et Ankara, où le CHP (social-démocrate) et l'Iyi (nationaliste) soutiennent le même candidat. Quant au HDP (prokurde), affaibli par une série d'arrestations, le vote de son électorat pourrait être un facteur important dans les grandes villes. R. I./Agences