La France a connu hier un 20e samedi de tensions dans plusieurs villes du pays où les Gilets jaunes manifestent depuis le 17 novembre dernier contre le pouvoir en place et sa politique socioéconomique, depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée. Des heurts ont marqué "l'acte XX" du mouvement qui a appelé à un rassemblement régional à Bordeaux, malgré l'interdiction de manifester décrétée par les autorités, au lendemain des violences qui ont émaillé l'acte 18 des Gilets jaunes à Paris. Bravant ainsi cette interdiction qui concerne certains quartiers de la capitale et quelques villes de province, les Gilets jaunes se sont heurtés encore à la réponse musclée de la police, accusée d'usage disproportionné de la force par les manifestants et des rapports d'ONG et autres organismes de défense des droits de l'homme au sein de l'Union européenne, ainsi qu'à l'ONU. "Les CRS courent, interpellent et gazent rue de Rivoli", a ainsi affirmé le Syndicat des commerces à Paris dans un tweet, ajoutant qu'une personne avait été blessée et "saignait de la tête". Pis encore, "la personne interpellée rue de Rivoli était inconsciente et les CRS ont refusé l'intervention des médics". En région, "des manifestants cassent et mettent le feu alors que les forces de l'ordre les empêchent d'accéder au centre-ville", lit-on dans le quotidien régional Le Progrès, rappelant que "la préfecture a interdit les manifestations dans une grande partie du centre ce samedi (hier)". À l'ouest de la France, en Bretagne, "une cinquantaine de Gilets jaunes ont fait irruption sur la 2x2 voies entre Brest et Quimper, bloquant la circulation. Leur projet était initialement de manifester à Pont-de-Buis, devant une usine qui fabrique des gaz lacrymogènes. La présence de gendarmes dans la commune les a fait changer d'avis. Les forces de l'ordre sont en train d'intervenir pour que la circulation puisse reprendre", selon Ouest-France. À Lille également, des heurts ont encore opposé hier des manifestants à la police qui a tenté de les disperser avec des gaz lacrymogènes, rapporte la presse locale. Des premiers gaz lacrymogènes ont été aussi lancés à Caen, selon la radio publique régionale France Bleu Normandie. "Les forces de l'ordre ont répondu à des jets de pierre venant des manifestants", a indiqué pour sa part le quotidien local Liberté Caen. À Charleville-Mézières, dans le département des Ardennes, les Gilets jaunes ont aussi manifesté hier. Un campement de fortune, qui leur servait de quartier général, avait été détruit en milieu de la semaine. Dans la ville d'Avignon, la manifestation a commencé dans le calme avant que la tension ne monte au centre-ville, selon plusieurs sources, après que des Gilets jaunes aient tenté d'atteindre une place interdite à tout rassemblement par les autorités. "L'évacuation musclée des manifestants se poursuit pour les pousser hors de la ville là où la manifestation n'est pas interdite", selon France Bleu Vaucluse. "La tension est montée d'un coup à Avignon où les CRS ont effectué une première charge après avoir effectué les sommations légales pour disperser les manifestants", a rapporté pour sa part le quotidien régional La Provence. Depuis le début le 17 novembre de ce mouvement inédit, le président français concentre nombre des critiques pour sa politique jugée trop favorable aux Français les plus aisés. Ce mouvement social et apolitique, né sur les réseaux sociaux, est entré en fronde contre la politique fiscale et sociale du gouvernement Macron. Lyès Menacer