Ils étaient une centaine d'artistes notamment des musiciens, des poètes, des plasticiens, des comédiens, des photographes, des rappeurs et des tagueurs à prendre part hier à la 4e édition de la manifestation "Révolte Arts", organisée chaque samedi sur la place M'barek-Aït Menguellet de Tizi Ouzou, qui est devenue en l'espace d'une journée, une galerie et une salle de spectacle à ciel ouvert. En effet, outre l'exposition de photos et de peintures, des artistes plasticiens auront occupé une grande partie de cet espace public où ils ont donné libre cours à leur imagination par des dessins variés alors que d'autres taguaient le mur longeant cette place dont le rond central, situé près du jet d'eau, a été réservé aux différentes représentations offertes par des chanteurs, des poètes et des rappeurs tous réunis par le vent de la liberté. Selon un artiste qui a tenu à participer à cette protesta pas comme les autres "il s'agit d'exprimer notre désir, et celui de toute la jeunesse algérienne, d'aspirer à une Algérie meilleure tout en libérant l'expression artistique longtemps confinée dans les bas-fonds de l'obscurité". Dans cette optique, l'un des organisateurs de l'événement, le jeune Yazid Ouamrane, dira avec beaucoup de fierté : "Nous enregistrons une participation de plus en plus importante de jeunes artistes qui n'ont pas eu l'opportunité de pratiquer leur art dans le système traditionnel notamment dans des salles de spectacles, d'exposition et de théâtre et étaler sur la place publique une diversification des travaux relevant de différentes disciplines artistiques." En revenant aux objectifs de "Révolte Arts" dans le contexte de la révolte actuelle du peuple algérien qui lutte vaillamment pour la chute du régime, Yazid nous indiquera que "cet événement est un rassemblement d'artistes appelé à accompagner les revendications citoyennes et à agir comme filtre face aux mauvaises intentions et au désespoir des gens durant cette période. C'est pourquoi nous devons prévoir ce genre de manifestations qui permettent d'avoir un certain recul sur l'actualité politique". De son côté, l'artiste plasticien Djamel Talbi a exposé une longue fresque réalisée sur place. Selon l'artiste, l'œuvre est inspirée des différentes marches des vendredis, représentant des têtes semi-figuratives qui font face à la foule et sur lesquelles le public est invité à transcrire librement le mot de son choix. "L'artiste est le miroir de la société, dit-on, et je suis donc appelé, en tant que plasticien, à projeter ce que je ressens mais aussi ce à quoi les autres aspirent et attendent comme changement. Je suis resté dans mon style qui est l'expressionnisme abstrait, en dessinant des silhouettes qui représentent un fragment des différentes marches organisées contre le système pour dire, à ma manière, mon rejet de ce système que nous sommes en train de combattre pacifiquement par l'activité artistique", dira Djamel Talbi. Enfin, il est à souligner que les activités de "Révolte Arts" se sont déroulées toute la journée et ont accueilli un grand public dont de nombreuses familles qui viennent découvrir les différentes disciplines artistiques et se ressourcer en prévision d'autres manifestations citoyennes et pacifiques contre le pouvoir mafieux qui a ruiné ce pays. K. Tighilt