Le mystère entourant les actes de sabotage de navires commerciaux dans le Golfe rajoute à la crise prévalant dans la région en raison de la grande rivalité entre Téhéran et Riyad. Tôt hier matin, les autorités saoudiennes ont rapporté des "actes de sabotage" ayant endommagé des navires commerciaux saoudiens au large des Emirats. Ces incidents surviennent au moment où les Etats-Unis viennent de renforcer leur présence militaire dans le Golfe dans le contexte iranien. Washington a envoyé un navire de guerre transportant des véhicules, notamment amphibies, et une batterie de missiles Patriot, qui s'ajoutent au déploiement d'un porte-avions et de bombardiers B-52. C'est dire que la tension est exacerbée dans cette région, où la rivalité entre l'Iran et l'Arabie Saoudite en constitue un facteur supplémentaire. Par ailleurs, l'annonce de ces incidents par deux proches alliés de Washington intervient dans un contexte de regain de tension entre Washington et Téhéran après le renforcement des sanctions américaines contre la République islamique, qui a pour sa part suspendu certains de ses engagements nucléaires. D'ailleurs, le ministre britannique des Affaires étrangères, Jeremy Hunt n'a pas caché son inquiétude hier à Bruxelles avant sa rencontre avec ses homologues européens et américain en réaction à la situation dans cette région. "Nous sommes très inquiets du risque qu'un conflit se produise par accident en raison de l'escalade des tensions", a-t-il notamment déclaré. Devant cette situation, les autorités iraniennes ont appelé à l'ouverture d'une enquête. "Ces incidents en mer d'Oman sont alarmants et regrettables", a affirmé Abbas Moussavi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, en mettant en garde contre "l'aventurisme d'acteurs étrangers" pour perturber la navigation maritime dans la région. Il faut dire que ces événements ont eu des répercussions sur toutes les places boursières du Golfe, qui étaient en baisse hier en milieu de journée, y compris Ryad (-2,7%), Dubai (-3,7%) et Abou Dhabi (-3%). De son côté, le ministère saoudien des Affaires étrangères a condamné "un acte criminel qui constitue une sérieuse menace à la navigation maritime et a une incidence néfaste sur la paix et la sécurité". Ceci étant, ni Abou Dhabi ni Ryad n'ont désigné aucun responsable, ni non plus précisé la nature des "actes de sabotage". Pour l'heure, le mystère autour de ces "actes de sabotage" reste donc entier. Dimanche, le gouvernement des Emirats arabes unis a appelé la communauté internationale à "prendre ses responsabilités pour empêcher que de telles actions soient commises par des parties cherchant à porter atteinte à la sécurité de la navigation". Hier, le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG), Abdullatif al-Zayani, ainsi que l'Egypte, la Jordanie et Bahreïn — trois alliés de Ryad et d'Abou Dhabi —, ont condamné les incidents maritimes de la veille. "C'est un développement dangereux et une escalade caractérisant des intentions diaboliques", a dit M. Zayani. Merzak Tigrine