Des sabotages lourds de conséquences Hier matin, les Saoudiens ont évoqué des «actes de sabotage» qui ont endommagé leurs navires pétroliers, au large des eaux territoriales émiraties. Les deux pays qui ont simultanément déploré ces atteintes sont des alliés de Washington. La tension est brusquement montée hier dans la région du Golfe arabo-persique, après l'annonce conjointe par Riyadh et Abou Dhabi de mystérieux sabotages de navires pétroliers, au large des Emirats. Cette information est tombée au moment où le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo annulait son voyage en Russie où il devait être reçu par la président Vladimir Poutine, tout en préparant un rendez-vous crucial avec ses homologues de l'Union européenne afin de les «sensibiliser» à une menace iranienne devenue, selon les Etats-Unis, «alarmante». Lui emboîtant le pas, le ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt a pour sa part exprimé sa «grande inquiétude» sur le risque de plus en plus évident qu'un «conflit se produise par accident en raison de l'escalade des tensions». Depuis plusieurs jours, les déclarations américaines ont concordé pour soutenir que l'Iran se prépare à des «attaques contre leurs forces» mobilisées dans la région pour «protéger les intérêts des Etats-Unis et de leurs alliés». Les Etats-Unis ont ainsi renforcé par deux fois leur présence militaire dans le Golfe, prétextant le contexte iranien. Hier matin, les Saoudiens ont évoqué des «actes de sabotage» qui ont endommagé leurs navires pétroliers, au large des eaux territoriales émiraties. Les deux pays qui ont simultanément déploré ces atteintes sont des alliés de Washington. Ont rapporté des «actes de sabotage» ayant endommagé des navires saoudiens au large des Emirats, autre pays proche des Etats-Unis qui viennent de renforcer leur présence militaire dans le Golfe dans le contexte iranien. «Deux pétroliers saoudiens ont fait l'objet d'actes de sabotage dans la zone économique exclusive (ZEE) des Emirats arabes unis, au large des côtes de l'émirat de Fujairah, alors qu'ils étaient sur le point de pénétrer dans le Golfe d'Arabie», a déclaré hier matin le ministre de l'Energie Khalid Al-Falih, cité par l'agence SPA. La chaîne TV Sky News Arabia a diffusé des images d'un des deux navires saoudiens portant le nom d'»Al Marzoqah». La veille, ce sont les Emirats qui ont fait état d'»actes de sabotage» contre quatre navires commerciaux de nationalités différentes, à l'est de l'émirat de Fujairah, sans en identifier les responsables mais en estimant l'évènement comme étant particulièrement «grave». La réaction iranienne n'a pas tardé, Téhéran appelant aussitôt à l'ouverture d'une enquête. «Ces incidents en mer d'Oman sont alarmants et regrettables», a dit Abbas Moussavi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, en mettant en garde contre «l'aventurisme (d'acteurs) étrangers» pour perturber la navigation maritime dans la région. Un des deux pétroliers se rendait au terminal saoudien de Ras Tanura pour y être chargé d'une quantité de pétrole destinée à des clients américains, a précisé le ministre saoudien. Lui emboîtant le pas, le ministère saoudien des Affaires étrangères a «condamné» un «acte criminel» qui constitue une «sérieuse menace» à la navigation maritime et a «une incidence néfaste sur la paix et la sécurité». Les deux pays concernés n'ont désigné aucun responsable pas plus du reste que la nature des dommages subis. Mais ils ont appelé la communauté internationale à «prendre ses responsabilités pour empêcher que de telles actions soient commises par des parties cherchant à porter atteinte à la sécurité de la navigation». Le port de Fujairah est le seul terminal des Emirats arabes unis sur la côte de la mer d'Arabie qui contourne le détroit d'Ormuz, d'où transitent la majorité des exportations de pétrole issues de ces deux pays du Golfe. Or, l'Iran a souvent réagi aux dures sanctions américaines qui le visent, depuis l'arrivée à la Maison-Blanche du président Donald Trump, en menaçant de «fermer le détroit d'Ormuz, stratégique pour l'acheminement des productions pétrolières dans la région, au cas où il serait contraint à une confrontation armée par les Etats-Unis. Le regain de tension est donc palpable et les renforts militaires dépêchés par Washington ces derniers jours dans la région augurent de développements dangereux pour tout le Moyen- Orient.