Evoquant "des manquements graves à l'éthique et à la déontologie médicale devant présider à l'encadrement de tout patient", le Collectif s'est dit surtout indigné par l'attitude de "collègues censés avoir prêté le serment d'Hippocrate". Le Collectif des professeurs en sciences médicales a exprimé hier sa profonde indignation face au traitement et à la prise en charge médicale dont a fait l'objet le militant et activiste politique le docteur Kamal-Eddine Fekhar, décédé mardi dernier en prison des suites de la dégradation de son état de santé, après une grève de la faim de plusieurs jours pour contester la décision arbitraire de sa mise en détention. Devant la gravité de cette tragédie, le Collectif des professeurs en médecine, tout en soutenant la famille du Dr Fekhar et en s'inclinant à sa mémoire, dénonce ainsi, à travers une déclaration transmise hier à notre rédaction, la prise en charge médicale "indigne" dont il a fait l'objet, "tout comme l'ont été, avant lui, d'autres militants des droits de l'Homme et journalistes comme Mohamed Tamalt". Evoquant "des manquements graves à l'éthique et à la déontologie médicale devant présider à l'encadrement de tout patient", le Collectif s'est dit surtout indigné par l'attitude de "collègues censés avoir prêté le serment d'Hippocrate". Aussi, les signataires de la déclaration protestent contre "la non-application des recommandations de la Déclaration de l'AMM (Assemblée médicale mondiale) de Malte sur les grévistes de la faim adoptée en novembre 1991, puis révisée lors des assemblées médicales mondiales auxquelles l'Algérie a adhéré, et qui définit les modalités médicales et éthiques à mettre en œuvre lors d'une grève de la faim qui reste un mouvement de protestation". Outre les circonstances de son décès en prison, le Collectif des professeurs en sciences médicales dénonce également "avec la plus grande vigueur le traitement dont le Dr Fekhar a fait l'objet de la part des autorités, aussi bien de son vivant, pendant ses différentes incarcérations, que pendant les cinq jours qui ont suivi son décès". Le Collectif, lit-on en ce sens dans la même déclaration, "refuse la version de son décès suite à la grève de la faim", estimant qu'"on l'a laissé mourir, en ne respectant aucune des règles de la Convention de Malte". Tout en interpellant, au demeurant, les Conseils de déontologie régionaux sur "leur silence inquiétant", les professeurs en médecine en appellent en dernier ressort au Conseil national de déontologie, "seule autorité compétente", selon eux, "à s'autosaisir et à ouvrir une enquête pour connaître les circonstances exactes ayant entouré le décès de Kamal-Eddine Fekhar". Dans le même ordre d'idées, le Collectif interpelle, par ailleurs, "le nouveau bureau du Syndicat national des magistrats pour mener une enquête impartiale sur les conditions de condamnation à la détention préventive du Dr Fekhar et de veiller à ce que cette procédure redevienne exceptionnelle et pleinement justifiée". Enfin, les signataires de la déclaration dénoncent, dans le même sillage, le maintien en détention, jusqu'à ce jour, du militant Hadj Ghermoul et réaffirment leur engagement en faveur d'une transition politique dirigée par un présidium, tout en appelant à la poursuite de la mobilisation populaire.