Un hommage a été rendu, durant la soirée de mardi à Tizi Ouzou, au militants des droits de l'homme Kamel Eddine Fekhar, décédé à l'hôpital de Blida, où il avait été transféré en urgence après la détérioration de son état de santé, suite à une grève de la faim de 50 jours, observée à la maison d'arrêt de Ghardaïa. Ainsi, un rassemblement a été organisé à la place de l'ancienne mairie du chef-lieu de wilaya, à l'appel du collectif des journalistes pour les libertés. Des centaines de personnes ont pris part à cet hommage, qui s'est déroulé dans une ambiance pleine d'émotion et surtout d'indignation, pour dénoncer les circonstances de la mort de ce militant placé en détention provisoire à la prison de Ghardaïa depuis le 1er mars dernier. Cette action a regroupé, notamment des hommes de presse, des avocats, des médecins, des étudiants et des élus du RCD et du FFS, qui ont allumé des bougies en signe de deuil après la disparition du Dr Fekhar. Les intervenants ont fermement condamné «ceux qui ont laissé Dr Fekhar mourir alors qu'ils savaient que son état de santé était critique quand il a été transféré à l'espace carcéral de l'hôpital de Ghardaïa». Après une minute de silence à la mémoire de Kamel Eddine Fekhar et de tous les martyrs de la liberté et de la démocratie en Algérie, Omar Zeghni du collectif des journalistes de la wilaya de Tizi Ouzou a déclaré que «ce recueillement est un hommage au Dr Fekhar mort arbitrairement après deux mois de détention provisoire. Ce rassemblement est aussi un cri de détresse pour dénoncer la répression contre les militants des droits de l'homme dans notre pays. Il n'est pas question que des militants politiques, activistes et citoyens payent de leur vie pour le combat démocratique. Lors de cette occasion, nous devons aussi dénoncer ce qu'a subi Dr Fekhar et ce que continuent de subir les autres militants actuellement en détention. Nous exigeons leur libération». Kaci Rahem du collectif des avocats pour la dignité et le changement a souligné, pour sa part, que «le Dr Fekhar a été laissé dans un état comateux avant de rendre l'âme. Le parquet de Ghardaïa a laissé un militant des droits de l'homme mourir en pleine révolution du peuple. Nous exigeons que la lumière soit faite sur ce décès que nous considérons comme un assassinat de trop». De son côté, Kamira Naït Sid, présidente du Congrès mondial amazigh (CMA), a ajouté qu'«on ne doit pas oublier le Dr Fekhar et tous ceux qui sont morts pour la liberté et la démocratie comme, a-t-elle précisé, Matoub Lounès, Tahar Djaout, Mouloud Mammeri et les victimes des événements de Kabylie en 2001». Le recueillement s'est poursuivi jusqu'à une heure tardive. Des centaines de bougies ont été ainsi allumées à la mémoire de ce militant des causes justes.