Une cérémonie de recueillement à la mémoire du Dr Kamal-Eddine Fekhar, suivie d'un rassemblement pour dénoncer l'acharnement judiciaire qui a été à l'origine de ce drame, a été organisée avant-hier soir place de l'ancienne mairie de Tizi Ouzou située au centre-ville. Initiée à l'appel du collectif des journalistes pour les libertés, cette action a rassemblé de nombreux journalistes et avocats mais aussi des élus, des médecins, des militants d'Avril 80, des militants des droits de l'Homme, des membres d'association et des citoyens afin de rendre un dernier hommage au Dr Kamal-Eddine Fekhar et surtout d'exiger toute la vérité sur la mort d'un militant qui a fait le choix de résister pour la liberté et de mourir que de se taire. Les participants à ce rassemblement ont allumé un grand nombre de bougies et brandi des pancartes appelant à faire toute la lumière sur la mort du Dr Fekhar, mais aussi à libérer tous les détenus politiques. Dans un communiqué lu devant l'assistance, le collectif des journalistes a évoqué "un acharnement et une hogra judiciaire aux soubassements racistes de la part d'un pouvoir qui n'arrête pas d'attiser les haines communautaires pour perdurer" et de dénoncer "un acharnement qui a été à l'origine de l'irréparable". Le journaliste Omar Zeghni a rappelé, lors de son intervention, qu'"il est temps d'exiger la libération de tous les militants et défenseurs des droits de l'Homme en Algérie et que cessent les atteintes et les intimidations qu'ils subissent". Et de renchérir : "Il n'est plus question que des militants politiques, des activistes et des citoyens paient de leur vie pour le combat pour la démocratie." Prenant la parole, Me Nabila Smaïl, avocate au barreau de Tizi Ouzou, a expliqué que "le procès du regretté Kamal-Eddine Fekhar, pour un délit d'opinion, est prévu pour le 9 juin prochain et qu'un collectif d'avocats va se rendre au tribunal de Ghardaïa", tout en précisant qu'ils étaient initialement deux inculpés, le regretté Fekhar et son codétenu, Hadj Brahim Aouf, dans le même dossier. "Ce sera une occasion pour ses avocats de dénoncer leur détention arbitraire qui a entraîné la mort du Dr Fekhar en prison". Le militant politique Hamou Boumedine a réagi en déclarant qu'"il s'agit de marquer une action de protestation contre la démarche judiciaire ayant conduit à la disparition de l'icône de la vallée du M'zab : Kamal-Eddine Fekhar". Et au porte-parole du RPK de souligner :"Le pouvoir seul est responsable de cet acte et la faible solidarité exprimée pour le Dr Fekhar lorsqu'il était en grève de la faim ne doit pas disculper tous les commanditaires et les exécutants à l'origine du décès du militant des droits de l'Homme", tout en exigeant "une commission d'enquête indépendante pour faire toute la lumière sur ce crime".