De 1921 à 1923, on a tenté l'aventure de la création d'un théâtre algérien en langue arabe littéraire, mais il ne passa pas la rampe, lui non plus. On recommença vers les années 1950. Al-Kahena (1953) d'Abdellah Nekli, pièce mise en scène par Mustapha Kateb, redonne alors courage, on parle même d'une “ère nouvelle”, mais on retombe. L'expérience est de nouveau reprise après l'Indépendance, le public la boude, les acteurs sont nuls. Cela ne décourage pas les écrivains de langue arabe qui publièrent quelques pièces : Aboulaïd, Doudou, Tawfiq Al-Madani. Ce dernier réédite, en 1969, sa pièce Hannibal et Abderrahmane Madoui publie la même année Yugurta qui voit dans le héros plus une leçon qu'un mortel. Enfin, Mohammed Ouadih met en lumière un autre personnage bien connu : la Kahena. Cependant, les œuvres demeurent, comme la plupart de celles écrites en français, orphelines de spectateurs. Ecrites pour être jouées, ces pièces sont-elles mêmes lues ? Depuis les années 1925, le théâtre en arabe parlé de Rachid Ksentini et de Bachtarzi connaissait un succès populaire, ou plus ou moins bourgeois, mérité d'un bout à l'autre de l'Algérie et dans le public émigré. Malgré la censure, on y parlait de conflits, d'émancipation de la femme, de mariages mixtes, d'argent de mœurs, etc. La satire et l'humour y fleurissaient. Durant la guerre, des pièces furent jouées hors d'Algérie : Les Enfants de la Casbah (1959), les Immortels (1960), le Sang des libres (1962) ; “elles exaltaient la lutte patriotique pour l'Indépendance”, comme le demandait la plate-forme de la Soummam (20 août 1955). Après 1962, nous constatons beaucoup de déclarations de directeurs du théâtre national. On réclame un théâtre national, militant, engagé, socialiste et on rejette le théâtre bourgeois. On annonce régulièrement les programmes de l'année théâtrale. Des troupes étrangères viennent jouer. On traduit et adapte des créations étrangères (Brecht surtout, mais aussi des auteurs irlandais, français et italiens). Des dramaturges algériens émergent : Rouiched, Safiri, Kaki, Raïs, Abdelkader Alloula. Après ces années de grâce et d'euphorie, tout s'est peu à peu tassé. On a parlé de marasme, de sclérose culturelle, de manque d'auteurs, de formateurs, d'animateurs. On a déchanté. Depuis 1970 se tient, annuellement à Mostaganem, le Festival du théâtre amateur. Des centaines de troupes d'amateurs sont invitées ; nombreuses sont celles qui concourent pour le festival, mais qui n'arrivent pas à présenter une œuvre valable. Des chroniqueurs posent la question : Où en est le théâtre algérien ? Des créations collectives voient le jour. Elles font aussitôt problème, en ce sens que certaines se voient censurées ou plutôt interdites et, pourtant, des auteurs veulent bel et bien secouer et choquer le public pour l'obliger à bouger. DAHANE MOHAND