L'arrestation, avant-hier, du commandant de l'ALN Lakhdar Bouregâa, qui vient s'ajouter à une longue série d'arrestations de manifestants et leur mise sous mandat de dépôt pour port du drapeau amazigh, ne cesse de susciter colère et condamnation de la société civile à Tizi Ouzou où, après les militants politiques et l'APW, c'était, hier, au tour du collectif des avocats pour le changement et la dignité de s'insurger contre cet arbitraire, qui fait que désormais il y a plus de manifestants que de membres de ce qui est appelé communément "el-îssaba" dans les prisons. "Des manœuvres malsaines émanant des tenants du pouvoir visent désormais à faire avorter la révolution populaire pacifique, des pratiques dictatoriales qui se déclinent à travers des arrestations, des intimidations, des menaces et autres dénigrements qui ciblent quotidiennement des activistes, politiques, militants, journalistes, syndicalistes et, à présent, même des révolutionnaires, à l'instar de l'ancien commandant de l'ALN Lakhdar Bouregâa, dont nous dénonçons avec fermeté l'arrestation arbitraire", lit-on dans le communiqué du collectif des avocats, qui exige sa libération immédiate. "Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle du moudjahid et de tous les autres détenus d'opinion", est-il écrit dans le communiqué, où les avocats réaffirment leur engagement à poursuivre leur combat pour l'avènement d'un Etat de droit et des libertés. Abondant dans le même sens, Me Aïssa Rahmoun, un des membres du collectif, qualifie l'interpellation de Bouregâa de "folie autoritaire". "À travers cette arrestation à la veille de la célébration de l'indépendance de l'Algérie, les tenants du pouvoir offrent sur un plateau d'argent aux adeptes de l'Algérie française la mémoire de la révolution et de la Wilaya IV historique. Une autre chose s'avère sûre, c'est que les décideurs veulent détourner et casser la révolution populaire", estime l'avocat qui souligne, concernant les poursuites engagées à l'encontre des manifestants pour port du drapeau amazigh, que "celles-ci ne trouvent aucun mécanisme d'application pénale, et cela explique par le fait qu'il s'agit purement et simplement d'une mesure politique dictée d'en haut". "Ces arrestations constituent, bien entendu, une mauvaise réponse à une bonne question", estime-t-il. Pour sa part, Me Saïd Halit a déclaré que rien que lui et son confrère Me Badredine Boualeg ont, entre les mains, dix dossiers de manifestants arrêtés le 21 juin dernier par la police à Alger et qu'ils comptent plaider dans le cadre du collectif des avocats qui s'est constitué au profit de ces manifestants. "Il y a eu encore au moins douze nouvelles arrestations vendredi dernier, dont deux pour port du drapeau amazigh et dix autres pour vente de pin's aux couleurs du drapeau amazigh", a-t-il affirmé. Quant au barreau de Tizi Ouzou, tout en réaffirmant sa fidélité au peuple, il a réitéré son engagement à défendre "tout détenu arrêté dans le cadre du hirak ou pour avoir brandi l'emblème amazigh".