Le mis en cause risque entre cinq et dix ans d'emprisonnement pour avoir porté atteinte à corps constitué et contribué, sciemment, en temps de paix, à un projet visant à affaiblir le moral de l'armée et à nuire à la défense nationale. Arrêté samedi dernier devant son domicile, à Hydra (Alger), par deux individus en civil qui l'ont conduit vers un lieu inconnu, l'ancien chef de la Wilaya IV historique, le commandant Lakhdar Bouregâa, a été placé, hier, sous mandat de dépôt par le juge d'instruction près le tribunal de Bir-Mourad-Raïs en application des articles 75 et 146 qui renvoient à l'article 144-bis du code de procédure pénale. Ainsi, le mis en cause risque entre cinq et dix ans d'emprisonnement pour avoir porté atteinte à corps constitué (art.146) et contribué sciemment, en temps de paix, à un projet visant à affaiblir le moral de l'armée et à nuire à la défense nationale (art.79). Selon Me Adnane Meddour, "le collectif des avocats introduira, aujourd'hui, un appel à la chambre d'accusation pour libérer Lakhdar Bouregâa". Les événements se sont accélérés sachant, qu'hier matin, les individus qui l'avaient enlevé se sont présentés à son domicile pour demander à sa famille de leur remettre les affaires et les médicaments de l'ancien chef de la Wilaya IV. "Ce matin (hier ndlr), les mêmes individus se sont présentés chez nous pour nous demander de leur donner les affaires et les médicaments de mon père. Ils nous ont signifié qu'ils étaient venus sur ordre du procureur militaire. Au départ, j'ai refusé en leur signifiant que c'était à eux de le prendre en charge et d'assumer leurs responsabilités. Il aura fallu l'intervention d'un cousin pour que je cède", témoigne son fils, M'hamed Bouregâa. Selon notre interlocuteur, la famille a décidé de déposer plainte pour enlèvement. Mais après la mise en détention provisoire, le collectif des avocats a abandonné cette procédure. "C'est un enlèvement qui ne dit pas son nom. Mon père n'a rien fait de grave pour mériter, à 87 ans, un tel sort. De plus, il a été opéré de la prostate et il est hypertendu. Nous avons constitué un collectif d'avocats et nous n'allons pas baisser les bras devant ce scandale", révèle encore notre interlocuteur. Constitué de deux membres, en l'occurrence Me Adnane Meddour et Me Hakim Rafaï, la défense de Lakhdar Bouregâa compte faire appel pour libérer l'ancien chef de la Wilaya IV. "Quand il y a une arrestation, et quel qu'en soit le motif, la famille a le droit de visiter la personne arrêtée. Ce n'est pas le cas pour Lakhdar Bouregâa, dont la famille ignore même le lieu où il se trouve", a affirmé Me Meddour. Celui-ci se réjouit de la forte mobilisation pour libérer l'ancien chef de la Wilaya IV historique, notamment le nombre de personnalités et de citoyens qui ont signé, hier, une pétition pour dénoncer cet état de fait. Son arrestation a suscité colère et indignation au sein de sa famille et de l'opinion publique. Son fils, M'hamed, s'est dit indigné de la manière dont son père a été embarqué. "S'il y avait quoi que ce soit, ils auraient pu envoyer une convocation à la police ou à la Gendarmerie nationale. Quand mon père a quitté la maison, j'avais la nette impression qu'il savait que quelque chose allait se passer. Il était vêtu d'un kamis, chaussé de claquettes et avait son téléphone portable. Un instant plus tard, on a compris que c'était une arrestation, j'allais dire un enlèvement. Heureusement, qu'on a pu le joindre plus tard. Les individus qui se sont présentés, hier, à notre domicile, nous ont rassurés quant à sa santé", indique-t-il. Ancien moudjahid et militant politique, Lakhdar Bouregâa s'est exprimé jeudi sur l'actualité politique nationale. Il a affirmé à TSA Arabi que "le pouvoir a un plan. Il a déjà le nom du futur président et cherche un moyen de le légitimer. Ils ont le nom du président et on ne peut participer à une comédie politique dont l'issue est connue d'avance", avait-il affirmé.