Même s'ils étrennent des feuilles de route distinctes, les partis politiques exigent un même préalable : l'apaisement que le régime refuse de satisfaire. Alors que les "forces du changement", parmi lesquelles Talaie El-Houriat d'Ali Benflis et le FJD d'Abdallah Djaballah, auxquelles s'ajoutent d'autres partis, des personnalités et des syndicalistes, mettent le cap sur la conférence de dialogue prévue samedi prochain, les prémices de divergences avec d'autres forces politiques, notamment parmi les signataires du pacte politique pour une véritable transition démocratique, apparaissent au grand jour. Lundi, au terme de leur réunion tenue au siège de l'UCP de Zoubida Assoul, les signataires du pacte pour une transition démocratique n'ont, à aucun moment, fait allusion à la réunion de samedi prochain. Cette omission, loin d'être fortuite, peut être interprétée comme un indice des divergences en sourdine qui minent les partis politiques autour de l'approche de sortie de crise. Principale pomme de discorde : l'absence d'identité de vue autour de la nécessité d'aller à un processus constituant, comme le réclament les signataires du pacte de l'alternative démocratique, et l'option d'aller à l'élection présidentielle, comme le souhaitent les forces du changement dont la dénomination déjà s'apparente à un "fourre-tout" en ce sens qu'elle évite les références idéologiques qui ne manqueront pas de survenir un jour. "Les forces politiques de l'alternative démocratique réaffirment plus que jamais leur volonté d'agir en concertation avec toutes les forces vives de la nation, pour la satisfaction des aspirations légitimes du peuple algérien afin de consacrer sa souveraineté par la mise en place d'un processus constituant souverain", ont réaffirmé les signataires du pacte politique, non sans mettre l'accent sur le contexte politique marqué par des entraves et des violations de libertés qu'illustrent les arrestations à tour de bras opérées parmi les manifestants et certaines figures dont la plus emblématique, celle de Lakhdar Bouregâa. "Ces faits, à eux seuls, démontrent, une nouvelle fois, l'impossibilité de toute solution conforme aux revendications des millions de citoyens dans le cadre du maintien du système en place", relèvent-ils. C'est pourquoi, ils estiment qu'aucune sortie de crise n'est envisageable en dehors de gages d'une volonté de dialogue de la part du pouvoir, à travers la prise d'un certain nombre de mesures, dont la libération des détenus politiques et d'opinion, ainsi que la levée des entraves sur l'exercice des libertés. À l'inverse, les forces du changement, dont certains membres ont brillé par leur silence après l'arrestation des porteurs de l'emblème amazigh ou encore l'incarcération de Louisa Hanoune et de Lakhdar Bouregâa, s'emploient à réunir le maximum de participants, afin de recueillir un large un consensus autour d'une initiative commune à présenter au pouvoir et de converger sur la façon de sortir de la crise, comme le rappelait, il y a quelques jours, le diplomate Abdelaziz Rahabi désigné coordonnateur de l'initiative. Mais c'est parce qu'elle focalise essentiellement sur l'élection présidentielle, option défendue par le pouvoir, que la démarche, appuyée également par les médias qui lui sont proches, semble susciter des réserves parmi les signataires du pacte pour l'alternative démocratique. Réputé pour son entregent et sa capacité de persuasion, Abdelaziz Rahabi, dont la mission, après la première expérience de Mazafran, est, entre autres, de réunir le maximum de participants et de rapprocher les points de vue des uns et des autres, aura, sans aucun doute, fort à faire pour obtenir les compromis nécessaires autour d'une vision commune de sortie de crise. Si la mission n'est pas impossible, elle s'annonce, cependant, difficile. Surtout si le pouvoir ne consent pas à lâcher du lest en s'accrochant obstinément à sa "feuille de route" rejetée par la majorité des Algériens.