Les entreprises du continent peuvent envisager des relais de croissance autres que l'étroite marge de manœuvre dont elles disposent en interne. Désormais, ces entreprises évolueront dans un marché de 1,2 milliard de personnes. La Zlec (Zone de libre-échange continentale africaine) a été officiellement lancée hier, à l'issue de la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement des pays de l'Union africaine (UA) qui s'est tenue dans la capitale nigérienne Niamey. C'est un vieux projet qui se réalise. Même si, dans la pratique, les défis d'une entité économique africaine restent à relever, tant il est vrai que toutes les restrictions au libre-échange entre les pays africains ne sont pas encore réellement levées. Après moult hésitations, le Nigeria et le Bénin ont fini par signer l'accord instituant la Zlec, en ouverture du sommet. Sur 55 pays africains, 54 vont constituer ce nouveau marché. Seule l'Erythrée n'a pas signé l'accord. De plus, 27 pays ont déjà ratifié l'accord, à en croire Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l'UA. Sur papier, le projet d'une zone de libre-échange africaine est une démarche louable susceptible d'impulser une nouvelle dynamique aux échanges commerciaux intra-africains. Mais pas seulement. Les entreprises du continent peuvent envisager de relais de croissance autres que l'étroite marge de manœuvre dont elles disposent en interne. Désormais, ces entreprises évolueront dans un marché de 1,2 milliard de personnes, de quoi faire saliver les plus réticents des investisseurs. Cependant, le chemin reste encore long pour voir enfin ce projet prendre forme, car d'âpres négociations en coulisses sont en perspective, chacun des pays constituant cette zone tentera, bien évidemment, de tirer son épingle du jeu, alors que les enjeux géopolitiques et l'influence des poids lourds du commerce mondial ne sont point des moindres. Plus concrètement, les discussions achoppent notamment sur le calendrier des réductions des taxes douanières sur les biens importés de l'étranger par des pays ayant des accords avec l'extérieur ou encore ne les transformant que de manière minime. Bien que les signataires retiennent l'année 2020 comme date de l'entrée en vigueur effective de l'accord, il est peu probable que les discussions puissent aboutir, d'ici la fin de l'année, sur des décisions concrètes, aussi bien sur la nature du démantèlement tarifaire que sur l'attitude à adopter au sujet des Etats ayant déjà conclu des accords commerciaux avec l'extérieur. Sur papier, le projet d'une zone africaine de libre-échange est ambitieux et appelé à favoriser le commerce au sein du continent et attirer des investisseurs. L'Union africaine estime que sa mise en œuvre permettra d'augmenter de près de 60% d'ici à 2022 le commerce intra-africain, alors que les détracteurs du projet évoquent le manque de complémentarité des économies et craignent que des importations bon marché ne portent préjudice aux petits producteurs agricoles et industriels. Bien évidemment, les économies les plus compétitives du continent sont celles qui tireront le plus profit de cette zone de libre-échange. Les économies administrées, les moins compétitives et peu diversifiées, n'ayant que très peu d'atouts pour conquérir les marchés extérieurs, subiront cette ouverture, comme ce fut le cas avec les autres entités économiques.