Cela est sans doute révélateur de la difficulté de la mission : le coordonnateur de l'instance nationale du dialogue et de la médiation, Karim Younès, a adressé jeudi un appel à la classe politique et à la société civile pour participer au dialogue et appuyer le panel, seuls à même de déboucher sur une solution consensuelle de sortie de crise. "Le comité a un besoin urgent d'un soutien clair et honnête de la classe politique et des acteurs de la société civile en vue de garantir la continuité du changement pacifique du système de gouvernance", a affirmé jeudi, Karim Younès dans une conférence de presse animée à Alger. "Le panel partage avec le hirak l'aspiration à un Etat de droit et à des garanties pour un scrutin transparent. À cet effet, nous appelons à l'union des forces patriotiques et démocratiques pour qu'éclose le génie libérateur du peuple algérien au service d'un Etat de droit qui repose sur une économie sociale de marché qui consacre le mérite tout en protégeant les plus démunis", a-t-il souhaité, selon ses propos repris par plusieurs sites d'information. Cet appel n'a rien de fortuit : Karim Younès qui, dès le début de la mise en place du panel, a eu à essuyer une volée de critiques, sans compter la défection de certaines personnalités sollicitées pour intégrer la structure, reconnaît les limites de l'action de la commission. "Le panel est conscient des limites de son action dans un contexte critique porteur de toutes les menaces sur les institutions, l'ordre, la stabilité, l'intégrité et la souveraineté nationale". Pour prouver sa bonne foi, il réitère que la commission qu'il dirige n'a pas l'ambition de s'ériger en tutelle du mouvement et encore moins de défendre l'option du pouvoir. "La mission de cette instance est limitée à la médiation entre les acteurs politiques dans le but de mener un dialogue permettant l'élaboration d'une feuille de route consensuelle pour une sortie de crise", dit-il. "L'instance préconise la tenue d'une conférence nationale dont la mission est de convoquer une commission en charge de préparer, d'organiser et de contrôler la présidentielle", détaille-t-il. Si l'option de l'élection de l'Assemblée constituante ou d'une transition est rejetée, il reste que le mandat du futur président sera celui de la transition, en ce sens qu'il aura à opérer de profonds changements dans la Constitution. "Le mandat du président élu devrait être un mandat de transition", selon Amar Belhimer qui préconise la signature, au préalable, par les postulants à la magistrature suprême, d'une "charte d'étique", histoire sans doute de lever les appréhensions soulevées par certains acteurs politiques concernant le risque d'apporter une caution populaire à un futur président qui jouira de prérogatives exorbitantes. Autre preuve de bonne foi : le panel estime que "le hirak doit se poursuivre afin de maintenir la pression de la société, seul moyen de garantir la concrétisation des résolutions qui émaneront du dialogue". Aussi ferme-t-il la porte au FLN et au RND pour participer au processus de dialogue. "Ce n'est pas notre avis, c'est celui de la société et de la classe politique", conclut Karim Younès.