À travers leur action de protestation, les étudiants ont voulu exprimer leur refus de toute forme de concertation avec le panel. Des étudiants, qui ont appris que le panel de dialogue allait rencontrer des organisations estudiantines, ont organisé hier un sit-in devant le siège du panel, au Centre culturel sis rue Larbi-Ben M'hidi à Alger. Ils ont voulu, à travers cette action de protestation, exprimer leur refus de toute forme de concertation avec le panel. Pour eux, aucune organisation ou autre association ne les représente dans ce cadre. Leur manifestation coïncidant avec la cérémonie d'installation des membres de la commission consultative relevant de cette instance de médiation et de dialogue, les étudiants protestataires ont fait alors irruption à l'intérieur de la salle et ont perturbé le déroulement de cette réunion. Ils scandaient entre autres slogans : "Pas de dialogue avec el-îssabate", ou encore "Les organisations et les syndicats ne nous représentent pas". S'en est suivie aussitôt une grande confusion dans la salle qui s'est avérée trop exiguë pour abriter un tel événement. Un brouhaha indescriptible envahit cet espace réduit réservé à ce rendez-vous. Quelques membres du panel dont Mmes Benabbou et Benbraham tentent de calmer l'ire et la ferveur des étudiants. En vain. Ces derniers ont contraint le panel à suspendre les travaux de cette réunion pendant plus d'une heure. Ne pouvant faire autrement, les organisateurs de la rencontre ont invité les étudiants à prendre la parole. Ce qui fut fait. C'est alors que l'un des étudiants s'adresse à Karim Younès et lui pose la question suivante : "M. Karim Younès, dites-nous si ce gouvernement est légitime ?" Le coordinateur général de l'instance du dialogue se lève et répond : "Lors de notre rencontre avec le chef de l'Etat, nous lui avons signifié que certaines mesures d'apaisement sont absolument nécessaires. Parmi ces mesures, il y a celle d'écarter le gouvernement de toute responsabilité." Karim Younès ne le dit pas crûment, mais il fait allusion au départ de l'Exécutif Bedoui. Par ailleurs, ces étudiants ont tenu à démentir l'information les identifiant comme militants du Rassemblement Actions Jeunesse (Raj). Le président du Raj himself a précisé que ces étudiants ne font pas partie de leurs adhérents. Cela dit, les éléments du panel ont procédé hier à la mise en place du conseil consultatif qualifié par Karim Younès de "force de proposition par le biais de la concertation et l'échange d'opinions". Il est composé, affirme-t-il dans son allocution, d'une quarantaine de membres parmi des élites nationales appartenant à toutes les tranches notamment académiques, culturelles, professionnelles, des acteurs de la société civile, d'anciens ministres et cadres qui ont servi leur pays avec dévouement et loyauté. "Ils ont répondu à l'appel du devoir national en leur âme et conscience avec une totale conviction à rejoindre le processus menant vers une solution consensuelle qui fera sortir l'Algérie de la crise politique qu'elle traverse actuellement", explique M. Younès. "Cette voie garantira une élection transparente et régulière suivant un mécanisme indépendant qui sera chargé de la préparation, de l'organisation et de la surveillance de l'élection, et de l'annonce des résultats", précise-t-il. Charte d'honneur Cette mission s'alignera, souligne-t-il, sur le mouvement populaire qui revendique un changement radical du système sur la base d'un dialogue constructif. À ce propos, Karim Younès a mis l'accent sur la "détermination de l'instance à élaborer une charte d'honneur, en vertu de laquelle les candidats à la prochaine échéance électorale s'engagent à respecter et à appliquer les recommandations de la Conférence nationale de dialogue et de médiation". Pour cela, il affirme que l'instance de dialogue et son conseil consultatif resteront à l'écoute de tous les "acteurs de la scène politique nationale pour la sortie de crise, dans le but de conférer un caractère légal aux structures et institutions de l'Etat et de gérer les affaires publiques, conformément aux exigences de la démocratie participative". Karim Younès relève que son "instance ne détient aucune plateforme préétablie, mais repose essentiellement sur les différentes plateformes proposées par les acteurs de la société civile, les partis politiques et les personnalités nationales, et ce, outre les résultats de médiation et de dialogue". Le panel examinera, suggère-t-il, toutes les propositions et les recommandations dans la perspective de les concrétiser.