La classe politique italienne a entamé, hier, les consultations devant mener à la formation d'un nouveau gouvernement de coalition. Après la démission, mardi, du chef du gouvernement Giuseppe Conte, le président, Sergio Mattarella, recevra plusieurs chefs de parti dans son palais du Quirinal, pour tenter de dénouer la crise aiguë à laquelle son pays fait face depuis que le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, à la tête de la Ligue (parti d'extrême droite) a appelé à des élections anticipées. M. Salvini, rappelle-t-on, a plongé l'Italie dans la crise le 8 août en faisant éclater unilatéralement une coalition formée 14 mois plus tôt avec le mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), qu'il a accusé de s'opposer systématiquement à ses projets économiques, et en réclamant des élections immédiates. Le président italien recevra ensuite, sur deux jours, les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, puis tous les groupes parlementaires, en terminant, jeudi, par le plus important numériquement, celui du M5S, fort de sa victoire aux législatives de 2018 avec plus de 32% des voix. Le président Mattarella dispose d'une série d'options, y compris en dernier ressort, si aucune majorité n'émerge, celle d'un scrutin anticipé, réclamé par M. Salvini. Mais le président italien est notoirement réticent à cette idée, car il serait organisé à l'automne, au moment où la troisième économie de la zone euro, lourdement endettée et à l'arrêt, devra présenter à la Commission européenne son projet de budget pour 2020. M. Mattarella écoutera les propositions des uns et des autres, puis prendra une décision. Le Parti démocrate (PD, centre-gauche) a fait savoir, par la bouche de son ex-Premier ministre Matteo Renzi, qu'il comptait approfondir son idée d'une alliance avec le M5S, pour former un gouvernement "institutionnel", qui pourrait être mené de nouveau par M. Conte. De l'avis des spécialistes, le Premier ministre est sorti grandi de la crise. Mardi, le chef du M5S, Luigi di Maio, l'a qualifié de "serviteur de la Nation dont l'Italie ne peut se passer". D'aucuns l'imaginent aussi commissaire européen, voire-même président en 2022 pour succéder à M. Mattarella. K. B./Agences