L'Italie se prépare à un nouvelle série de consultations cette semaine en vue de former un nouveau gouvernement, mais la solution semble encore très éloignée, chaque camp refusant pour l'heure de céder le moindre pouce de terrain. Après l'échec d'une première série de consultations menées mercredi et jeudi par le président de la République Sergio Mattarella, un nouveau rendez-vous a été donné en fin de semaine prochaine aux principales forces politiques italiennes, dont aucune ne dispose de majorité au parlement. L'objectif: résoudre la quadrature du cercle entre Luigi Di Maio, 31 ans, chef de file du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), aujourd'hui premier parti d'Italie avec plus de 32% des voix aux législatives du 4 mars, et Matteo Salvini, 45 ans, chef de la Ligue (extrême droite) et leader de la coalition de droite arrivée en tête avec 37% des voix. Les deux hommes se disent prêts à gouverner ensemble, mais à certaines conditions. Luigi Di Maio rejette catégoriquement tout accord impliquant Silvio Berlusconi, 81 ans, et son parti Forza Italia, pourtant allié de Matteo Salvini. Or, ce dernier refuse de lâcher le milliardaire italien, qui a été trois fois Premier ministre entre 1994 et 2011. La coalition de droite, composée également du petit parti d'extrême droite Fratelli d'Italia, a d'ailleurs décidé de se présenter unie et au sein d'une même délégation lors des prochaines consultations au palais du Quirinal, siège de la présidence, ce qui n'avait pas été le cas la semaine dernière. «Nous parlerons d'une seule voix, celle choisie par les Italiens qui ont porté le centre-droit dirigé par Salvini à être la coalition la plus votée», a affirmé hier le chef de la Ligue. «Matteo Salvini est en train de choisir la restauration plutôt que la révolution», a jugé Luigi Di Maio dans un entretien samedi avec le quotidien La Repubblica. «L'alliance avec Berlusconi, non seulement les Italiens la connaissent, mais ils l'ont aussi votée le mois dernier», a rétorqué Matteo Salvini hier dans les colonnes du Corriere della Sera. Face à cette impasse, tous les regards se tournent vers le Parti démocrate (PD, centre-gauche), grand perdant des législatives avec moins de 20% obtenus, mais courtisé par le M5S. Luigi Di Maio s'est en effet dit prêt à négocier avec la Ligue, mais aussi avec le PD sur la base d'un contrat «à l'allemande» en vue de former un gouvernement dont il prendrait la tête. Cette offre divise profondément le Parti démocrate, entre ceux qui veulent rester dans l'opposition, à l'instar de son ancien chef Matteo Renzi, et ceux qui prônent néanmoins le dialogue, comme le ministre sortant de la Culture Dario Franceschini. «Face à la nouveauté politique représentée par les déclarations de Di Maio, il faut réfléchir», a déclaré samedi M. Franceschini sur Twitter. «Personne n'accorde la moindre crédibilité aux paroles du leader du M5S, pour lequel, jusqu'à hier, le PD était le mal absolu», a rétorqué un autre responsable du PD, le député Michele Anzaldi. Plusieurs échéances politiques viennent aussi brouiller les cartes. Le 21 avril, le PD doit se choisir un nouveau secrétaire général après la démission de Matteo Renzi. Le 29 avril, une élection régionale a lieu dans le Frioul (nord-est) où la Ligue compte l'emporter. Mais selon les commentateurs italiens, Matteo Salvini ne veut pas prendre le risque d'ici là de briser son alliance avec Forza Italia. Dans ces conditions, un troisième tour de consultations pourrait s'avérer nécessaire.