Cette décision suscite quelques appréhensions, tant parmi les salariés de ces entreprises qu'auprès de certains experts et juristes qui s'interrogent surtout sur le sort qui sera réservé en définitive par l'Etat à ces groupes privés et à leurs équipements et effectifs. Bloqués depuis plus de deux mois, suite à la mise en détention provisoire de leurs propriétaires pour des accusations de corruption, les groupes privés algériens Haddad, Tahkout et Kouninef seront désormais placés sous administration d'experts financiers agréés, désignés par les autorités judiciaires, indique un communiqué du procureur général près la cour d'Alger, diffusé hier par l'agence APS. "Dans le cadre des enquêtes judiciaires ouvertes à l'encontre de certains hommes d'affaires, propriétaires de sociétés, dont les groupes Haddad, Tahkout et Kouninef, et dans un souci d'assurer la pérennité des activités des dites sociétés et de leur permettre de préserver les postes d'emploi et d'honorer leurs engagements envers les tiers, le juge enquêteur, saisi de ces dossiers, a rendu le 22 août 2019 des ordonnances de désignation de trois administrateurs, experts financiers agréés", précise ainsi le communiqué de la cour d'Alger. La mission principale de ces administrateurs désignés est d'assurer "la gestion des entreprises en question conformément aux dispositions du code de commerce et du code de procédure pénale", note la même source, qui annonce, par ailleurs, des mesures similaires à mettre en place prochainement "pour les autres dossiers de propriétaires de sociétés privées, qui font l'objet de procédures judiciaires suite à l'ouverture de poursuites pénales à leur encontre". Si elle offre ainsi une solution temporaire aux entreprises des groupes Haddad, Tahkout et Kouninef, dont les employés se sont vus privés de salaires depuis plus de trois mois, la désignation d'administrateurs pour ainsi dire d'autorité par les instances judiciaires, ne manque cependant pas de susciter quelques appréhensions, tant parmi les salariés de ces entreprises qu'auprès de certains experts et juristes, qui s'interrogent surtout sur le sort qui sera réservé en définitive par l'Etat à ces groupes privés et à leurs équipements et effectifs. De fait, de l'avis de certains spécialistes en économie et en droit, même avec l'emprisonnement des principaux actionnaires des sociétés des groupes Kouninef, Haddad et Tahkout, les mesures de gel de leurs comptes bancaires qui ont conduit au blocage total de leur gestion sont légalement contestables, tout comme le serait d'ailleurs la désignation d'administrateurs par des autorités judiciaires, alors qu'il s'agit d'entreprises à capitaux privées et de personnes morales, non concernées directement par les procédures judiciaires lancées contre leurs propriétaires. Du côté des salariés et des cadres de ces mêmes entreprises, des inquiétudes sont également exprimées quant aux prérogatives et pouvoirs qui seront dévolus auxdits administrateurs désignés par la justice et aux actes de gestion et décisions qu'ils seront appelés à prendre à l'avenir, et dont dépendraient en définitive le devenir des groupes en question et les emplois et salaires de leurs effectifs. Akli Rezouali