Rejetant toute option de liquidation de ces entreprises, le ministre des Finances a tenu à préciser que le rôle de l'administrateur indépendant est de sauvegarder la société et de veiller à réunir les conditions de sa bonne gouvernance. Est-ce la fin d'un calvaire pour les milliers de travailleurs des entreprises Haddad, Tahkout et Kouninef ? À en croire le ministre des Finances, Mohamed Loukal, c'est le cas, puisque le dégel des comptes bancaires des groupes concernés est imminent. Dans une déclaration à l'APS, le ministre des Finances a indiqué que la désignation, par l'autorité judiciaire, d'administrateurs indépendants pour gérer les entreprises appartenant aux groupes Haddad, Tahkout et Kouninef permettra le dégel des comptes bancaires de ces entités "dans les plus brefs délais". Ce dégel, a ajouté le ministre, allait systématiquement permettre à ces entreprises de payer les arriérés de salaires et de "renouer rapidement avec un fonctionnement régulier et continu de leurs activités". Selon Mohamed Loukal, la désignation d'administrateurs indépendants, de statuts d'experts, offrira à ces entités "un appui et un soutien à leur potentiel humain et managérial". Rejetant toute option de liquidation de ces entreprises, le ministre des Finances a tenu à préciser que, contrairement au liquidateur dont le rôle est de liquider une entité avant sa dissolution, le rôle de l'administrateur indépendant est de sauvegarder la société et de veiller à réunir les conditions de sa bonne gouvernance. "Et c'est exactement l'objectif du gouvernement : conforter les assises financières et opérationnelles de ces entités, dans le cadre de la sauvegarde de leurs potentiels de production et d'emploi", a souligné le ministre. Pour le premier argentier du pays, "l'objectif est de leur assurer une viabilité", surtout que "certaines d'entre elles, émargeant à la commande publique, jouissent, dans ce cadre, d'un carnet de commandes consistant et ont pour charge, également, la réalisation de projets industriels structurants pour l'économie nationale". Concernant les prérogatives des administrateurs, notamment la possibilité de licencier des travailleurs, le ministre a répondu que "la mission de l'administrateur indépendant est, au contraire, de défendre les intérêts de l'entreprise et des travailleurs". Selon le communiqué du procureur général près la cour d'Alger, la désignation de ces administrateurs par le juge enquêteur, le 22 août dernier, répondait à "un souci d'assurer la pérennité des activités desdites sociétés et de leur permettre de préserver les postes d'emploi et d'honorer leurs engagements envers les tiers". Le ministre des Finances a ajouté qu'outre la sauvegarde de dizaines de milliers de postes d'emploi, le dispositif piloté par le ministère des Finances permettra, également, de relancer, dans un cadre "normalisé", les relations bancaires et commerciales avec les correspondants bancaires et les partenaires internationaux, dans un climat positif. Il est aussi question, selon lui, d'éviter l'impact négatif de la situation sur le budget de l'Etat et les caisses de Sécurité sociale, consécutif au non-paiement des impôts et des cotisations sociales aux caisses d'assurance et de retraite. Pour rappel, la situation générée par le gel des comptes de ces entreprises a mis ces dernières dans l'incapacité d'assurer le paiement des charges fiscales et parafiscales de la Cacobatph, de la Cnas et des charges d'exploitation. Cette sortie du ministre des Finances vise, en somme, à rassurer les salariés et les cadres de ces entreprises qui nourrissent de sérieuses inquiétudes. Ce dispositif, mis en place, visait, outre la sauvegarde de la production et des emplois, la préservation des intérêts de l'Etat, dans le cadre des marchés émargeant à la commande publique, conclus avec les entreprises concernées. Le ministre a encore expliqué que parmi les autres priorités, il y a la sécurité du marché intérieur, du fait des parts de marché détenues par certaines de ces entités, la conduite des projets industriels en phase de réalisation, ainsi que le maintien de la cadence de production pour les sociétés en exploitation, secteur automobile notamment.