Il y avait plus de monde que d'habitude à la manifestation dominicale du hirak à Montréal. Ce regain dans la mobilisation était, à vrai dire, attendu, du fait d'abord de la rentrée sociale. Mais pas seulement. La dernière sortie du chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, suggérant la convocation du corps électoral pour ce 15 septembre, est vécue par les manifestants comme une provocation, voire une défiance, à l'égard du peuple qui, depuis 29 semaines, exige le départ du système corrompu. "Le corps électoral est déjà dans la rue. Cela fait 29 semaines qu'il manifeste pacifiquement pour revendiquer le départ du système et l'avènement d'un Etat de droit, dont l'édification passera nécessairement par une période de transition démocratique", affirme un manifestant, l'emblème national et le drapeau amazigh sur l'épaule. Les slogans de la révolution populaire sont scandés par les manifestants qui tiennent à maintenir la mobilisation pour hâter le changement démocratique tant attendu par un peuple spolié de sa liberté. "La transition démocratique, maintenant", lit-on sur une pancarte brandie par un jeune manifestant. "Ulac l'vote ulac", "Bensalah dégage", scande-t-on. Les arts ont été également mis au service de la révolution populaire, puisque des artistes ont trouvé le moyen de contester le "pouvoir assassin" par la peinture. Le panel du dialogue présidé par Karim Younès, considéré comme le cheval de Troie du pouvoir, a reçu une volée de bois vert. "Ceux qui soliloquent avec le panel ne nous représentent pas", dénonce une jeune femme. Lors du rassemblement de ce dimanche, les détenus d'opinion n'ont pas été oubliés, puisque leurs portraits trônaient au milieu de la manif. Les manifestants étaient invités à rédiger des lettres de soutien à ces détenus qualifiés d'"otages" du pouvoir. Le rassemblement n'a pas été seulement l'occasion pour eux d'exprimer leur colère, mais il a aussi été un moment de débats et d'échanges. L'agora tenue parallèlement à la manif a donné lieu à des échanges vifs et parfois polémiques entre les intervenants. Un manifestant qui a pris la parole a mis l'accent sur la nécessité d'aller vers une transition démocratique, citant au passage la référence faite par la charte pour les libertés démocratiques signée récemment par des acteurs politiques. Le rapport qui fait état du transfert des devises de l'Algérie au Canada a révulsé les Algériens. Le comité issu du hirak chargé de traquer l'argent transféré illégalement à l'étranger ne veut pas rester les bras croisés. Après le lancement de la pétition adressée au Premier ministre du Canada, l'on songe d'ores et déjà aux moyens de bloquer ce siphonnage de l'argent de la collectivité nationale. Des avocats canadiens ont été approchés à cet effet. Y. A.