Le bureau de l'Assemblée n'a pas encore communiqué sur les raisons de cette saisine, mais des sources affirment qu'on ne compte plus les affaires qui pourraient éclabousser le député, à l'allure imposante. Une autre figure du système Bouteflika est réclamée par la justice. Le garde des Sceaux a officiellement demandé, hier, au bureau de l'Assemblée populaire nationale de lever l'immunité parlementaire du député FLN d'Annaba Baha-Eddine Tliba. Selon des sources concordantes, la justice veut entendre le sulfureux parlementaire sur des faits de corruption présumés. Le bureau de l'APN n'a pas encore communiqué sur les raisons de cette saisine, mais dans les milieux judiciaires et dans les couloirs de la Chambre basse du Parlement, on ne compte plus les affaires qui pourraient éclabousser le député, à l'allure imposante. Des sources indiquent que l'homme a été cité par l'ancien directeur de la résidence d'Etat de Club-des-Pins, chargé notamment de construire l'hôtel Sheraton d'Annaba, de par ses fonctions de P-DG de la Société d'investissements hôteliers (SIH). D'autres sources, médiatiques notamment, évoquent des soupçons de financement illicite d'un parti politique. Une présomption rendue possible, surtout que le nom de Baha-Eddine Tliba est souvent lié, ces dernières années, au mélange de l'argent et de la politique au sein du FLN. Durant de longues années, les médias et la rumeur publique ont prêté à Baha-Eddine Tliba des affaires rocambolesques. En plus des soupçons d'utilisation de l'argent sale lors des campagnes électorales, l'homme a mauvaise presse à Annaba, où cet enfant d'Oued-Souf est installé depuis de longues années. Dans La Coquette, il fait la pluie et le beau temps. De vendeur de matériel informatique, à promoteur immobilier, en passant par des unités industrielles et des activités d'importation, Tliba s'est construit un empire colossal en quelques années seulement. On lui prête des connexions avec de hauts responsables du pays. L'homme a tissé visiblement des liens solides durant de longues années, puisqu'il avait accès aux plus hauts dignitaires du régime. On pouvait le croiser avec Saïd Bouteflika, comme on pouvait l'apercevoir avec de hauts gradés de l'armée. Sa puissance était telle qu'il a pu accéder au bureau de l'APN comme vice-président du temps où Mohamed-Larbi Ould-Khelifa présidait l'institution parlementaire. Il était même pressenti pour lui succéder au poste de quatrième responsable de l'Etat. Mais les temps ont changé. Malgré les attaques, l'homme est resté serein. Alors qu'on le donnait comme fuyard après la vague d'arrestations qui a touché beaucoup de hauts responsables, Baha-Eddine Tliba a confié à des journalistes qu'il "n'avait rien à se reprocher". Puis il a nié posséder ne serait-ce qu'un compte en banque et assure n'avoir rien à se reprocher sur le plan légal. Selon lui, ce qui se racontait n'était que "des rumeurs". Ce n'est désormais plus le cas depuis hier. Ali Boukhlef