La commune de Guerrouma, une soixantaine de kilomètres à l'ouest du chef-lieu de la wilaya de Bouira, demeure l'une des plus démunies. La plupart des plans communaux de développement (PCD) ou les rares plans sectoriels de développement (PSD) qui ont été octroyés à cette municipalité montagneuse de près de 11 000 habitants, durant les vingt dernières années, ont été dilapidés. Récemment, les citoyens des divers bourgs de cette commune ont fermé le siège de leur APC, afin de réclamer une commission d'enquête sur les gestions antérieures et la destination des fonds destinés au développement local. Les villageois des localités d'Ouled Aïche, Chekouf, El-Aouaouda, Bousalah, Guelmama, Sidi Moussa et tant d'autres hameaux ont interpellé lors de leur action, non seulement le wali de Bouira, mais aussi le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, pour exiger l'amélioration de leurs conditions de vie. Ils réclament en effet le raccordement de leurs villages à l'eau potable et au gaz naturel, ainsi que l'aménagement des routes qu'ils disent impraticables. Concernant l'épineux problème du raccordement au réseau AEP, bon nombre de villageois ont souligné le fait que plusieurs demandes ont été faites auprès des services concernés, dans l'hypothétique espoir d'un raccordement, mais en vain. "Nous sommes encore et toujours réduits à nous approvisionner en eau à partir d'une source située à une dizaine de kilomètres en contrebas", dira un habitant de Chekouf. Selon quelques citoyens interrogés sur le sujet, les autorités de la wilaya s'étaient pourtant engagées à accélérer les travaux de raccordement en eau potable, via le barrage de Koudiat Acerdoune, sis dans la commune voisine de Mâala. Renseignement pris auprès des services de l'hydraulique, il existe bel et bien un projet de raccordement, mais il est en stand-by, faute de financement. Quant au gaz naturel, ces villageois se disent désespérés de le voir arriver dans leurs foyers. "Même les bonbonnes de gaz butane nous font défaut, nous avons carrément recours au bois pour nos besoins en cuisine et en chauffage", nous a dit un habitant, d'un ton las et exaspéré. Interrogé sur d'éventuelles initiatives de l'APC pour régler ne serait-ce que la pénurie du butane, notre interlocuteur nous répondra, catégorique : "Non ! Aucune ! Le P/APC s'est contenté de nous dire que l'acheminement se fera à partir de l'aire d'approvisionnement du chef-lieu. Cependant, les rares bonbonnes qui nous sont parvenues se sont carrément arrachées et à prix d'or. Nous nous sommes donc résignés à nous chauffer avec du bois que nous ramassions dans la forêt." Ces témoignages traduisent le désarroi et la peine des villageois. Par ailleurs, ces citoyens, notamment ceux d'Ouled Aïche, font état de la vétusté des canalisations d'assainissement de leur village, en précisant : "Les canalisations d'assainissement n'ont fait l'objet d'aucune rénovation depuis plus de vingt ans." En outre, le CW 2, reliant cette localité au hameau de Kerbach et à tant d'autres localités de cette municipalité, se trouve dans un état lamentable, sur plus de 10 km, et c'est le moins que l'on puisse dire. En effet, les crevasses et autres nids-de-poule y sont légion. D'ailleurs, bon nombre d'accidents sont survenus sur cette route particulièrement sinueuse. Certes, des travaux de réfection ont été entamés par les services communaux, au début du mois de mars dernier, mais de l'avis des certains citoyens rencontrés, cette route nécessiterait bien plus que des travaux de rafistolage.