L'ONU a averti contre une nouvelle crise humanitaire en Syrie, tandis que les Européens s'inquiètent d'un retour du flux massif des réfugiés syriens et du redéploiement des terroristes de Daech. Ankara a mené hier des "frappes aériennes" dans la région de Ras al-Aïn, située dans le nord syrien à la frontière avec la Turquie, a rapporté une ONG, peu après l'annonce d'une offensive contre les résistants kurdes, qui a déjà fait au moins deux victimes parmi les civils, selon des sources locales. Ces raids ont provoqué la fuite de dizaines de civils, emportant leurs affaires à bord de motos et de voitures, parfois même à pied. Des "raids aériens" mais aussi des tirs d'artillerie ont visé Ras al-Aïn et ses environs, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Des tirs d'artillerie turcs ont également visé plusieurs villages de la région de Tal Abyad, située également sur la frontière avec la Turquie, selon l'observatoire. "Les avions de guerre turcs ont commencé à mener des frappes aériennes sur des zones civiles, il y a une forte panique parmi les gens", a indiqué de son côté Mustafa Bali, un porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par Washington, avant que Donald Trump ne décide de les lâcher depuis samedi, en ordonnant le retrait des soldats américains. Réagissant à ces premières frappes, le gouvernement allemand a "condamné mercredi (hier) avec la plus grande fermeté" cette montée de l'escalade turque, qui "risque de déstabiliser davantage la région et de provoquer une résurgence" du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique. "Nous exhortons la Turquie à mettre fin à son offensive et à défendre ses intérêts sécuritaires de manière pacifique", a ajouté dans un communiqué le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas. "La Turquie doit cesser l'opération militaire en cours. Elle ne donnera pas de résultat", a affirmé hier Jean-Claude Junker, président de la Commission européenne devant le Parlement européen réuni à Bruxelles. "La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni sont en train de finaliser une déclaration commune qui sera extrêmement claire sur le fait que nous condamnons très fortement et très fermement ce qui est rapporté", a déclaré la secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin, devant la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale. "Nous saisissons le Conseil de sécurité des Nations unies", a-t-elle ajouté. Plus ferme, le Congrès américain a menacé directement le président turc, Recep Tayyip Erdogan, de lui faire payer directement cette agression militaire contre les Kurdes syriens, alors que Donald Trump a décidé de leur tourner le dos. "Je vais mener les efforts au Congrès pour qu'Erdogan paie très cher", a écrit sur twitter l'influent sénateur républicain Lindsey Graham, qui est d'ordinaire un proche soutien du président Trump. "Priez pour nos alliés kurdes qui ont été honteusement abandonnés par l'administration Trump", a-t-il encore ajouté.