La LFP n'aurait pas appliqué à la lettre les directives de la fédération au sujet de l'organisation des matches du championnat durant les dates FIFA. Explications. La gestion de l'affaire du derby algérois MCA-USMA par la Ligue du football professionnel ne fait pas l'unanimité au sein du bureau fédéral de la FAF. Des membres sont carrément contre la décision de la LFP de maintenir la rencontre en dépit de l'opposition de l'USMA qui a avancé l'argument réglementaire des dates FIFA. "Nous avons été surpris de lire dans le communiqué de la LFP que la ligue s'est basée sur l'autorisation accordée par le bureau fédéral de la FAF à la ligue pour l'organisation des matches en retard durant les dates FIFA. En vérité, lors des débats au BF, nous avions insisté auprès du représentant de la ligue pour avoir au préalable l'accord des deux clubs et voir s'ils n'ont pas des joueurs sélectionnés à cette période. Ce qui n'a pas été fait visiblement par la ligue dans le cas du derby MCA-USMA. D'ailleurs, nous avons saisi le chargé de la communication de la FAF pour apporter une précision dans le communiqué de la FAF à ce sujet. Cela n'a pas été fait. C'est navrant. Nous avons également saisi le président de la FAF à ce propos. Nous allons évoquer ce sujet lors de la prochaine réunion du BF et corriger cette omission avant l'adoption du PV de la dernière réunion", révèle sous le sceau de l'anonymat un membre influent du bureau fédéral. Un autre membre du BF ajoutera : "De toutes les façons, le sujet de la gestion de la LFP sera au menu de la prochaine réunion du BF. Le président de cette ligue est toujours absent. La programmation laisse à désirer, sans oublier l'affaire des costumes des officiels de matches, facturés à 45 000 DA l'unité, alors qu'ils ne coûtent que 6000 DA sur le marché." En fait, à l'issue de la dernière réunion du BF tenue à Ouargla, la FAF avait annoncé avoir "autorisé, à titre exceptionnel, la LFP à programmer des matchs en retard de la Ligue 1 professionnelle lors de la prochaine date FIFA, mais en dehors des jours des rencontres de l'équipe nationale, soit le jeudi 10 et le mardi 15 octobre 2019. Et ce en raison du fait que la LFP a enregistré 10 rencontres en retard à cause des matchs de nos clubs sur les plans continental et régional, et des différentes sélections nationales", sans aucune précision. Cette dérogation est toutefois en contradiction avec le règlement du championnat de Ligue 1 pour la saison 2019-2020 qui stipule dans son article 29 que "le championnat de Ligue 1 s'arrête durant les dates FIFA et à chaque fois que l'équipe nationale des locaux dispute une rencontre internationale". L'USMA introduit un recours, mais… Ce règlement ne prévoit aucun cas d'exception, contrairement à ce que laisse suggérer le communiqué de la FAF. Il faut rappeler aussi que l'un des griefs retenus contre l'ex-président de la LFP, Mahfoud Kerbadj pour le destituer (retrait de délégation), est l'organisation des matches du championnat durant les dates FIFA. Soit exactement le cas aujourd'hui. La commission de discipline de la Ligue de football professionnel a rendu son verdict lundi à propos du forfait de l'USM Alger samedi dernier face au MCA, comptant pour la mise à jour du calendrier de la Ligue 1. La LFP a décidé de déclarer match perdu par pénalité pour l'USMA et la défalcation de trois points. Joint par Liberté, le chargé de la communication de l'USMA, Amine Tirmane, a déclaré : "Nous avons pris connaissance du verdict de la LFP. Franchement, ce n'est pas une surprise. Mais le forfait de l'USMA est motivé par des arguments en béton. Nous ne pouvons jouer un match sans l'absence de nos titulaires de surcroît dans une date FIFA. Nous n'allons pas baisser les armes. Au contraire, nous allons suivre la procédure en saisissant toutes les instances nationales avant de recourir aux instances internationales." Cependant, comme nous le révélions dans notre édition de lundi dernier, la première instance à même de traiter les recours (en général) des clubs, c'est la Commission de recours de la FAF. Seulement voilà, l'article 97 du règlement du championnat 2019-2020, qui traite des procédures, souligne que "les décisions de la commission de discipline de la LFP peuvent faire l'objet d'un appel auprès de la commission de recours de la FAF qui statue en dernier ressort, sauf pour les sanctions suivantes qui sont définitives et non susceptibles d'appel : une suspension égale ou inférieure à quatre (4) matchs ; une sanction égale ou inférieure à deux (2) matchs à huis clos ; une amende égale ou inférieure à cent mille dinars (100 000 DA) ; les sanctions ayant trait aux forfaits confirmés. Pour être recevable, l'appel doit être introduit dans les deux jours ouvrables à dater du lendemain de la notification de la décision contestée ; il doit être déposé au secrétariat de la FAF ou transmis par fax et accompagné, au titre du paiement des droits de recours, d'un chèque de banque ou de la copie du bordereau de versement bancaire d'un montant de cinquante mille dinars (50 000 DA) à la FAF. Les droits payés ne sont pas remboursables". Autrement dit, dans le cas d'un forfait confirmé comme c'est le cas du derby algérois en l'occurrence, l'USMA ne peut pas saisir la commission de recours de la FAF. L'USMA doit recourir donc directement au TAS d'Alger, mais là aussi, il y a un hic. Medouar sur la sellette L'article 99 du règlement du championnat précise que "les décisions de la commission de recours sont définitives et contraignantes pour toutes les parties concernées. De même, les sanctions disciplinaires, les lois du jeu et celles concernant le dopage. Toutefois après épuisement des voies de recours ordinaires, un recours peut être formulé auprès du Tribunal algérien du règlement des litiges sportifs (TAS) pour les seules décisions suivantes : interdiction d'exercer toute fonction et/ou activité en relation avec le football (radiation) ; rétrogradation ou accession d'un club ; suspension supérieure à deux (2) ans. (…) Pour être recevable, le recours doit être introduit auprès du TAS algérien dans les cinq (5) jours ouvrables à compter de la date de notification de la décision de la commission de recours". Il n'est nullement mentionné donc le cas d'un forfait. En revanche, l'USMA peut préparer son dossier pour le TAS de Lausanne qui recevra réglementairement son recours. Mais là, les frais du recours et les honoraires des avocats peuvent s'élever à au moins 70 000 euros, ce qui n'est pas abordable dans la situation actuelle du club. Le président de la LFP, Abdelkrim Medouar, fait face, justement à cause de cette affaire, à une fronde au sein de son bureau exécutif qui réclame une assemblée extraordinaire de la LFP pour remettre son mandat. "Nous avons été mandatés par les membres de l'assemblée générale pour les représenter à la LFP, puisque l'on a failli à notre mission, il ne reste plus qu'à convoquer une assemblée générale extraordinaire afin de lui remettre notre mandat, elle est souveraine, c'est à elle de décider de l'avenir de la direction de la LFP, il n'est plus possible de gérer cette structure, il ne faut pas avoir honte de dire qu'on a échoué. On est devenu la risée de tout le monde, je ne veux plus cautionner cette médiocrité", a affirmé le vice-président de la LFP, Djamel Messaoudène.