L'Autorité nationale indépendante des élections (Anie) a procédé avant-hier samedi, en début d'après-midi, à l'installation de sa représentation de wilaya à Tizi Ouzou dans la clandestinité, a-t-on appris de sources sûres. Selon nos sources, seuls les membres de cette instance de wilaya et deux représentants de l'Autorité nationale étaient présents à cette séance d'installation qui s'est déroulée, en catimini, dans l'ancien siège de la commission de wilaya de surveillance des élections, situé dans l'enceinte de la cité administrative. Ni la presse, ni un représentant de candidat à la candidature à l'élection présidentielle du 12 décembre, ni une quelconque autre personne n'ont été conviés. La hantise d'une réaction énergique de la rue et surtout d'un envahissement des lieux par la population de la région, qui ne cesse chaque vendredi et chaque mardi, et même les autres jours de la semaine d'exprimer son rejet de l'élection présidentielle, a fait que l'installation de cette instance a été entourée d'un black-out total. Echaudés, sans doute par les revers essuyés lors des tentatives d'installation des commissions communales dans certaines localités de la wilaya, les participants, tout comme l'administration, ont agi dans la discrétion la plus totale. Ils en ont fait un véritable secret d'Etat. Mais en dépit de cela, un dispositif discret des services de sécurité a été mis en place tout autour du siège en question pour parer à toute éventualité. Si aucune information n'a filtré concernant l'identité des deux "envoyés spéciaux" de Mohamed Charfi, la personne chargée de présider cette instance de wilaya composée de sept membres serait, selon nos sources, un ancien cadre du secteur de l'hydraulique en retraite et qui a déjà fait partie d'anciennes commissions de surveillance des élections sous Bouteflika. Sans aucune surprise, les autres membres, dont les noms ne sont pas divulgués, sont également choisis, selon nos sources, parmi la même clientèle locale du régime Bouteflika. Si cette instance a pu être installée dans la clandestinité, il y a lieu de se demander comment elle pourra concrétiser sa feuille de route sur le terrain lorsque l'on sait que la quasi-totalité de la population a clairement pris position contre l'élection présidentielle. Pis encore, même les P/APC et les travailleurs des communes ont déjà exprimé leur refus de contribuer à l'organisation de cette même élection. Il y a lieu également de se demander quelle sera la mission de cette commission lorsque l'on sait que même le fichier électoral n'a pas été assaini dans cette région où les bureaux des élections ont été fermés, scellés et désertés par les fonctionnaires en charge de l'opération. La seule chose que les auteurs de cette installation auront réussi à prouver, c'est que la charrue a été placée avant les bœufs, tant l'installation des commissions communales a devancé de plusieurs semaines celle de l'instance de wilaya. Ils auront également réussi à rajouter de la colère à une rue déjà en ébullition.