Depuis le 26 octobre dernier, pas moins de 25 artistes algériens exposent leurs œuvres à la Wallach galerie d'art de Colombia Université (New York, USA). Dans la présentation de ce "Panorama sur l'art contemporain d'Algérie et de sa diaspora", qui s'étale jusqu'au 15 mars 2020, les organisateurs expliquent que cette exposition tire son titre d'un ouvrage datant de 1979 sur "les débuts du cinéma algérien, édité par Wassyla Tamzali, qui fait référence à la pièce de Samuel Beckett En attendant Godot, ainsi qu'au film culte de Merzak Allouache, Omar Gatlato, datant de 1976". "Les deux œuvres, dans leur critique des régimes du savoir et de connaissance européens, fournissent également des repères conceptuels à la lecture des 25 artistes sélectionnés, qui dans leur pratique se concentrent sur ce que le corps et l'individu savent avant tout", est-il précisé. La commissaire de l'expo, Natasha Marie Llorens, doctorante en histoire de l'art moderne et contemporain à Columbia qui a réalisé des recherches qui portent sur cinq films issus de l'Underground expérimental du cinéma algérien entre 1965 et 1979, précise à propos de l'expo : "En Attendant Omar Gatlato répond à l'obscurité visuelle et imaginative qui recouvre l'Algérie. Les raisons de l'absence de représentation artistique de l'Algérie au niveau international sont complexes: 130 ans de colonialisme installé par les Français ont engendré un héritage à la fois littéraire et artistique important à l'image de la France". Et de renchérir : "À la suite d'une lutte acharnée mais ambivalente pour l'autodétermination à tous les niveaux de la sphère socioculturelle, aucun récit digestible ni unifié n'a émergé pour permettre à l'Occident de comprendre l'Algérie". Pour sa part, Betti-Sue Hertz, directrice et conservatrice en chef de la Wallach Galerie soutient être "très enthousiaste par la présentation de ce projet au Wallach. Avec cette exposition, Columbia offre une vue en profondeur des expressions individuelles à travers un paysage culturel algérien en évolution". Concernant les artistes qui exposent, on retrouve Louisa Babari, Fayçal Baghriche, Bardi, Mouna Bennamani, Adel Bentounsi, Zoulikha Bouabdellah, Halida Boughriet, Fatima Chafaa, EL Meya, Hakima El Djoudi, Karim Ghelloussi, Mounir Gouri, Mourad Krinah, Amina Menia, Sonia Merabet, Yazid Oulab, Lydia Ourahmane, Sadek Rahim, Dania Reymond, Sara Sadik, Fethi Sahraoui, Massinissa Selmani, Fella Tamzali Tahari, Djamel Tatah. Dans la présentation, les organisateurs sont revenus sur quelques œuvres, notamment l'installation photographique de Fatima Chafaâ de 2019, sur le du film de Dania Reymond Jardin d'Essai (2016), qui "dépeint le jardin botanique d'Alger comme un espace à la fois fantastique et de projection de l'imaginaire colonial sur le paysage existant". Il est question également de l'installation "Mektoub" (2016) de Sara Sadik qui "examine la sémiotique de la ‘beurness', un jeu de mot qu'elle a construit à partir de beur et de ‘blackness' pour créer une image surréaliste d'une expérience sociale diasporique critique de l'attitude néocoloniale de l'administration française". À noter "qu'après le passage au Wallach, En attendant Omar Gatlato sera étendu aux œuvres de la collection du Centre national des arts plastiques, un partenariat avec le Box24 d'Alger, ainsi que de nouvelles commandes d'artistes émergents". Les artistes feront aussi une petite escale à Marseille pour participer à "La Friche de la Belle de Mai" en juin 2020, suite à "l'invitation de Triangle France / Astérides, dans le cadre du Manifesta 2020". Enfin, sera entre autres, disponible un catalogue de 264 pages coédité par Sternberg Press et la Wallach Gallery, qui "inclut des traductions anglaises inédites de textes clés des théoriciens de l'art contemporain algérien sur l'évolution du rapport entre art et politique. On y trouvera aussi de la poésie de Samira Negrouche et un essai graphique de Nawel Louerrad. Le catalogue sera disponible à la vente à la Wallach Art Gallery. Il sera distribué par MIT Press aux Etats-Unis et Sternberg Press en Europe".