Les procès de plusieurs détenus accusés d'"atteinte à l'unité nationale" sont programmés demain lundi au tribunal de Sidi M'hamed, à Alger. Ce sont, en effet, une trentaine de prisonniers qui seront jugés dans l'affaire du port du drapeau amazigh lors des marches du mouvement populaire. Cette programmation, retardée par la récente grève des magistrats, concerne les porteurs du drapeau amazigh arrêtés lors des différentes manifestations du mouvement populaire et dont la majorité a purgé déjà plus de quatre mois de détention. Selon la liste rendue publique par le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), il s'agit du procès des détenus Bacha Abdelkader, Dechicha Fazil, Ghimouz Akram, Benzine Kheiredine, Ihadadène Islam, Belkacem Karim, Kasmi Zinedine et Ayad Yakoub, et de celui de Bouanane Razane, qui est sous contrôle judiciaire depuis le 1er juillet. Le même jour, Dahmani Nour Elhouda Yasmine, étudiante en droit, Belaïfa Fatiha, mise sous contrôle judiciaire, et Maâti Salah, malade mental à 100%, transféré à l'hôpital psychiatrique Frantz-Fanon de Blida sur ordonnance du 10 octobre dernier avant de bénéficier d'une ordonnance de non-lieu datée du 20 octobre, passeront aussi devant le juge. Chami Arezki, Khebani Abdelbasset, Acherfouch Amar, Belhoul Mohand Ameziane, Bounouh Nabil, Yahiaoui Hilal et Boualouache Kamel sont également convoqués pour demain pour être jugés par le tribunal de Sidi M'hamed, à la section pénale numéro 2. Ces détenus, pour rappel, ont été arrêtés lors de la marche du vendredi 28 juin à Alger. Cinq autres détenus, à savoir Bareche Hafid, Agouazi Mohamed, Darouiche Alaa, Batlis Bakir et Azougui Arezki, seront jugés demain. Smaïl Chebili, jeune étudiant en médecine arrêté le 27 septembre dernier, sera, lui aussi, jugé ce lundi par le tribunal de Sidi M'hamed. Le procès de Samira Messouci, d'Elhadi Kichou, d'Amokrane Challal et d'Aouissi Mustapha Hocine est programmé également pour la journée de demain. Selon Me Allili Yamina, avocate des détenus, "la justice veut en finir avec ces affaires de détention pour port du drapeau amazigh". Elle en veut pour preuve "la programmation de tous les procès", mais aussi "le fait que des manifestants accusés d'atteinte à l'unité nationale pour avoir brandi le drapeau amazigh sont acquittés par d'autres tribunaux". Me Allili a ajouté qu'elle reste optimiste quant à l'issue des procès. "Je garde toujours espoir de voir tous ces détenus libérés", a-t-elle dit, rappelant que le collectif d'avocats a toujours plaidé pour "une libération inconditionnelle et immédiate" de tous les détenus. Il faut rappeler que deux procès de détenus pour port de l'emblème amazigh ont eu lieu les 22 et 23 octobre. Bilal Bacha, Khaled Oudihat, Hamza Meharzi, Tahar Safi et Messaoud Leftissi ont été jugés au tribunal de Sidi M'hamed. Djaber Aïbèche, Ali Idir, Boudjemil Mohand, Karoun Hamza, Belakhal Kamal et Okbi Akli ont été, quant à eux, jugés par le tribunal de Baïnem. À rappeler également que les verdicts des deux procès sont toujours en examen. Le premier report de l'annonce des verdicts a été motivé par la grève des magistrats. Le second ajournement n'a été motivé par aucun justificatif. Ce qui avait suscité colère et indignation chez les avocats et les familles des détenus.