La condamnation à six mois de prison ferme de 22 jeunes du "hirak" pour port du drapeau amazigh, lundi dernier, au tribunal de Sidi M'hamed (Alger), a suscité une vague d'indignation chez nombre de personnalités, de partis et d'organisations. Le Front des forces socialistes a dénoncé avec véhémence le verdict de la justice à l'encontre de jeunes dont le seul tort est d'"avoir porté l'emblème amazigh durant des manifestations populaires et pacifiques" et s'est insurgé contre ces condamnations qui "traduisent clairement l'absence d'aucune volonté chez les tenants du pouvoir d'aller vers l'apaisement". "Pis encore, ces décisions judiciaires arbitraires, qui ne s'appuient d'ailleurs sur aucun argument juridique valable, s'apparentent à une provocation caractérisée qui vise à pousser le peuple révolté d'une manière pacifique et civilisée à l'escalade et à la violence." Mais ce sera "en vain", a estimé le FFS dans un communiqué, non sans saluer avec force "l'engagement et la formidable mobilisation des avocats et des citoyens au profit de ces détenus". Même sentiment de révolte chez le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, qui, dans un post publié sur sa page facebook, a qualifié la condamnation des jeunes détenus du hirak de "provocation" et de "non-sens". "Certaines juridictions les acquittent, d'autres les mettent en prison pour le même motif. Le jeu malsain du pouvoir se fait sur le dos de notre jeunesse. La justice continue à être instrumentalisée. Mon soutien aux détenus et à leurs familles", a-t-il écrit. "Une forfaiture" "La justice algérienne vient de confirmer son inféodation atavique", a asséné l'ancien président du RCD, Saïd Sadi, qui, sur sa page facebook, a qualifié la lourde condamnation des 22 jeunes du hirak de "forfaiture". Il a d'abord exprimé sa solidarité avec les jeunes détenus et leurs familles avant d'assener : "S'il est vrai qu'il n'y a pas d'emprisonnement heureux, je peux dire à tous ces jeunes qu'il y a des détentions qui rendent fiers et plus forts, et qu'il y a des condamnations qui sont plus lourdes à porter pour ceux qui les prononcent que pour ceux auxquels elles sont infligées." "L'indépendance de la justice n'est pas une question de revendication professionnelle, a fortiori lorsque les catégories qui s'en prévalent sont le bras séculier d'un pouvoir illégitime. Etant à la base de la société démocratique, l'indépendance de la justice ne peut être que le résultat des conquêtes du peuple citoyen", a analysé l'ancien détenu des années 80 et client de l'ex-cour de sûreté de l'Etat. Et d'enfoncer le clou : "Il n'y a que les amateurs de politique digestive qui ignorent que le tribunal de l'Histoire condamne avec la plus extrême sévérité les magistrats scélérats." Conséquence à tirer de ce triste épisode, selon lui : "D'autres méthodes de lutte s'imposent dans l'urgence." Commentant le verdict du tribunal de Sidi M'hamed, l'avocat et militant des droits de l'Homme Mustapha Bouchachi a également écrit sur sa page facebook que "des jeunes Algériens sont injustement condamnés", mettant cet état de fait sur le compte d'"un dysfonctionnement dans la justice". Sur le plan international, l'ONG Amnesty International a également réagi à la condamnation des jeunes militants du mouvement citoyen, estimant que personne "ne devrait être harcelé, intimidé, arrêté ou poursuivi simplement pour avoir porté le drapeau amazigh ou l'avoir en sa possession". "Amnesty International appelle à la libération immédiate et sans condition des manifestants détenus simplement pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression", a indiqué l'ONG. Arab C.