Le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed (Alger) a décidé, hier, de placer sous mandat de dépôt quatre manifestants et de mettre sous contrôle judiciaire huit autres pour port du drapeau amazigh. «Le juge de la chambre n°1 a décidé de mettre sous mandat de dépôt quatre détenus. Il s'agit de Raouf Raïs, Fayçal Ghanem, Messaoud Khellaf et Ali Yebou. Il a mis aussi sous contrôle judiciaire quatre autres. Les premiers ont reconnu avoir brandi le drapeau, alors que les quatre autres ont nié. A l'annonce du verdict, les manifestants placés en détention étaient décontractés. Ils avaient le moral. Ils s'attendaient à ce verdict», signale Me Alili Yamina, membre du collectif de défense des détenus, précisant que deux autres manifestants ont été relâchés après comparution immédiate pour d'«autres motifs». Les dix manifestants interpellés à Alger lors de la manifestation du 1er novembre ont été présentés hier devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed. Les parents et les avocats qui ont espéré un verdict plus clément et la comparution immédiate des prévenus ont dû attendre une bonne partie de la journée. Le procureur a finalement décidé une autre procédure en transférant les dossiers au juge d'instruction. Les avocats étaient sous le choc après ce verdict. «Rien n'a changé comme nous l'avions souhaité. Il n'y a pas de clémence en faveur des manifestants de l'emblème amazigh de la part de la justice. D'ailleurs, c'est le même juge de la chambre n°1, qui a placé les anciens détenus en détention, qui a rendu le verdict d'aujourd'hui», s'offusque Me Alili. Signalons qu'un autre manifestant, Haddadene Madjid, arrêté lors de la marche des avocats le 24 octobre, a été placé, hier, sous contrôle judiciaire par le même tribunal, précise Kaci Tansaout, coordinateur du Collectif national pour la libération des détenus (CNLD). Le jeune a été arrêté lors de la marche des avocats pour port du drapeau amazigh. Il a été placé en garde à vue au commissariat de Cavaignac durant 4 nuits avant qu'il ne soit relâché le lundi 28 octobre suite à la grève des magistrats, poursuit le coordinateur. Dans la même journée, d'autres manifestants ont été présentés devant d'autres juridictions de l'Algérois. Ainsi, Khelifa Bourezg, arrêté à la marche de vendredi et présenté devant le procureur du tribunal de Dar El Beïda, a été relâché mais convoqué pour audition le dimanche 24 novembre. «Khelifa Bourezg a été arrêté par la Gendarmerie nationale de Bab Ezzouar. Actuellement, il est poursuivi pour détention de pancartes et slogans du hirak, selon l'article 96 du code pénal», précise le CNLD, qui signale que Cheballah Mohamed et Cheballah Lounes avaient été placés sous contrôle judiciaire par le tribunal d'El Harrach, pour port du drapeau amazigh lors de la marche de vendredi. «Par contre, aucune information n'est disponible sur Brahim Lalami (activiste à Bordj Bou Arréridj), qui devait passer devant le tribunal de Sidi M'hamed», relève Tansaout. La semaine dernière, pour cause de grève des magistrats, les prononcés des verdicts dans une dizaine d'affaires ont été différés. L'avocate Alili affirme qu'aucune affaire n'est programmée pour aujourd'hui. «Comme les juges sont en grève, rien n'a été programmé… Par contre, il faut signaler que les avocats et les parents éprouvent des difficultés pour obtenir les permis de communiquer et de visite», signale-t-elle.