Jusqu'à hier soir, aucun panneau d'affichage n'était visible dans la ville ou dans une quelconque autre localité de la wilaya. La campagne électorale pour l'élection présidentielle du 12 décembre n'a non seulement pas débuté à Tizi Ouzou deux jours après son ouverture officielle, mais il n'y a, de surcroît, aucun indice qui augure son début dans les jours à venir. Jusqu'à hier soir, aucun panneau d'affichage n'était encore visible dans la ville ou dans une quelconque autre localité de la wilaya. Au-delà du fait que les travailleurs des communes refusent de s'impliquer dans l'organisation du scrutin du 12 décembre et aussi que beaucoup attendent de pied ferme leur installation pour y coller des portraits des détenus d'opinion et ceux des porteurs du drapeau amazigh emprisonnés, les habitants de Tizi Ouzou se demandent surtout si, même contre rémunération, les candidats à la présidentielle pourront trouver quelques mains pour coller leurs affiches sur ces panneaux dans le cas où ils viendraient à être installés. Pis encore, même si le mot a été donné de ne jamais recourir à la violence contre les rares personnes qui ont pris position en faveur de l'organisation de l'élection pour maintenir le caractère pacifique de la révolution populaire, les personnes qui se sont engagées localement au profit de certains candidats en lice sont réduites à raser les murs dans la wilaya. Si les soutiens locaux de Benflis ont pris leur courage à deux mains pour placer une pancarte identifiant leur permanence électorale, sans toutefois jamais en ouvrir la porte, ceux de Tebboune, dont une rumeur sur sa sortie électorale dimanche à Tizi Ouzou aura suffi à mettre en alerte toute la population, ont préféré entretenir le secret même sur le lieu de ses rencontres. Concernant Mihoubi, même le directoire de campagne n'est toujours pas installé, selon des échos provenant du RND. Mais pendant que la paralysie frappe les partisans, en nombre restreint, de l'élection présidentielle, ce sont ceux du rejet qui représentent la quasi-totalité de la population de cette région, connue depuis longtemps pour son manque d'engouement aux élections, qui continuent d'occuper le terrain pour faire du rendez-vous du 12 décembre un fiasco. En effet, après la grandiose marche de vendredi dernier et la forte mobilisation d'avant-hier, dimanche, pour marquer la première journée du début de la campagne électorale avec les mêmes slogans exprimant le rejet de cette élection, voilà que, encore aujourd'hui, étudiants, enseignants et citoyens comptent investir la rue avec le même objectif. Cependant, de nombreux activistes du mouvement populaire disent être non seulement constamment mobilisés autour des actions de rejet, mais qu'ils sont aussi à l'affût de la moindre action des partisans de l'élection pour ainsi la contrecarrer. "Pacifiquement, bien sûr", insistent-ils à chaque fois. C'est dire que la campagne électorale à Tizi Ouzou est d'ores et déjà balayée par la contre-campagne.