Alors que la campagne électorale pour l'élection présidentielle du 12 décembre a officiellement débuté hier, les panneaux d'affichage dans les différentes communes de la capitale étaient dépourvus du portrait des cinq candidats. Cela à l'exception de celui d'Abdelkader Bengrina président du mouvement El-Bina, visible non loin de l'hôtel El-Djazaïr. "Ce n'est pas le rôle de l'Autorité nationale indépendante des élections de procéder aux affichages des portraits. Cette tâche revient aux différents postulants au scrutin présidentiel. Quant à l'implantation des panneaux, ce sont les communes qui se chargent de cette opération selon le planning de réservation des endroits, établi par l'Anie", nous a précisé le responsable de la communication de cette instance, Ali Draâ. Les cinq postulants au scrutin présidentiel ont relégué au second rang, cet espace de communication non négligeable, redoutant peut-être une réaction hostile des citoyens. "On appréhende que les affiches soient détériorées, voire arrachées", nous confirme un membre du staff d'un candidat qui a requis l'anonymat. Pour signifier leur rejet du prochain scrutin présidentiel, des citoyens ont, dans les quartiers d'Alger-Centre, profité de ces espaces vides pour accrocher des photos de martyrs de la Révolution, à l'instar d'Ali la Pointe ou Hassiba Ben Bouali, devenus un symbole de résistance et de sacrifice pour les manifestants. D'autres panneaux électoraux ont été recouverts de slogans hostiles au vote et au régime en place. "Makache el vote", ou "Ya shab el kascrout, makach vote", allusion aux partisans du cinquième mandat, qui alimentaient des rassemblements en contrepartie de sandwichs offerts aux participants. Au tout début de l'opération d'implantation de ces panneaux d'affichage en fer forgé, recyclés après les scrutins avortés du 18 avril et du 4 juillet 2019, des portraits des détenus d'opinion, ont été également placardés, dans le prolongement de l'initiative observée à Kherrata, à Béjaïa et à Biskra. Cette contre-campagne d'affichage mettant à l'honneur des photos d'activistes politiques ou de manifestants en prison risque de prendre de l'ampleur dans les prochains jours. Notre virée a permis de découvrir qu'à l'ouverture de la campagne électorale, les Algériens demeurent, par différents moyens, massivement mobilisés contre un scrutin destiné à recycler le système, sans toutefois, saccager les panneaux d'affichage, restant dans l'esprit pacifiste du mouvement populaire jusqu'à bout.