Au moment où elles dénoncent ce qu'elles qualifient d'ingérence dans les affaires internes du pays à travers la résolution du Parlement européen quant au respect des droits de l'Homme dans notre pays, les autorités ne voient aucun inconvénient à voir défiler, au centre de la capitale, un ambassadeur d'une puissance étrangère. Ainsi, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, a participé hier à une manifestation pro-élection à Alger aux côtés de l'ambassadeur de Chine. Le représentant de la République populaire de Chine, Li Lianhe, s'est même exprimé devant les caméras des chaînes de télévision offshore. "La République populaire de Chine dénonce toute ingérence étrangère dans les affaires internes de l'Algérie", a-t-il indiqué dans un arabe parfait. N'est-il pas en train de s'immiscer, lui aussi, dans les affaires internes de l'Algérie ? La question mérite d'être posée, surtout qu'à plusieurs reprises, des responsables étrangers se sont exprimés devant des dirigeants algériens sur des questions de politique intérieure. Ainsi, il y a tout juste deux jours, le ministre espagnol de l'Intérieur indiquait que son pays "appuyait le processus électoral" actuel en Algérie. Plus que cela, l'Espagne, membre de l'Union européenne, se prononce ainsi sur une question qui, en principe, "doit rester entre Algériens". Le mois dernier, c'est le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah lui-même, qui est allé "rassurer" le président russe, Vladimir Poutine, sur la situation en Algérie. "Si j'ai demandé à vous rencontrer, c'est pour vous rassurer sur la situation en Algérie qui est maîtrisée et que nous sommes capables de dépasser cette conjoncture", avait dit Bensalah à un Poutine dont le sourire, d'apparence narquois, avait suscité de vives critiques sur les réseaux sociaux. "(…) Nous pouvons vous dire que nous avons tracé une voie et un plan que nous poursuivons. Ce plan est actuellement dans sa dernière étape", avait-il encore ajouté, tout en précisant que "quelques éléments" seulement participaient aux manifestations anti-élection. Il y a quelques semaines, le porte-parole du gouvernement s'était félicité, publiquement, de l'appui apporté, à l'époque, par la Commission européenne au processus politique en cours en Algérie. "Tout un chacun est libre d'exprimer sa position, mais l'UE, en tant qu'institution regroupant tous les pays de l'Union, a exprimé son plein respect du peuple et de l'Etat algériens, mais aussi des mesures prises (...) pour garantir une élection libre, régulière et indépendante, et c'est l'objectif du peuple et de l'Etat algériens", avait-il dit. Il s'exprimait à la suite de la déclaration de la porte-parole de l'Union européenne, Maja Kocijancic, qui disait espérer que "des élections contribueront à répondre aux aspirations profondes du peuple algérien, dans le respect des droits fondamentaux et dans un climat d'apaisement". Ali B.