Le verdict dans ce procès est, selon des indiscrétions, attendu pour aujourd'hui ou demain. C'est un lourd réquisitoire que le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed a prononcé hier dans le procès de l'affaire de corruption dans le secteur de l'automobile et du financement de la campagne électorale pour le 5e mandat avorté du président déchu Abdelaziz Bouteflika. En effet, le parquet a requis les peines maximales pour trois accusés, en l'occurrence les deux ex-Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que l'ancien ministre de l'Industrie, aujourd'hui en fuite à l'étranger, Abdeslam Bouchouareb. À l'encontre de ces derniers, le procureur a requis une peine de 20 ans de réclusion assortie d'un million de dinars d'amende chacun, avec la saisie de tous leurs biens et fonds illégaux, tout en leur interdisant d'exercer leurs droits civiques. Ouyahia et Sellal sont accusés d'octroi d'indus avantages, de corruption, de blanchiment d'argent, de mauvaise utilisation de la fonction et de conflit d'intérêts. Sellal est accusé en plus de financement occulte de partis politiques, à savoir la campagne du 5e mandat de Bouteflika. L'ancien ministre de l'Industrie Abdeslam Bouchouareb est accusé d'octroi d'indus avantages, de fausses déclarations, de copinage, de dilapidation de deniers publics, de blanchiment d'argent et de corruption. Dans la salle d'audience, plus d'un ont évoqué une villa d'une valeur de quelque 60 milliards de centimes, offerte à Bouchouareb par Mourad Oulmi, patron de Sovac, actuellement en détetion à la prison d'El-Harrach. Le procureur de la République a demandé l'émission d'un mandat d'arrêt international contre Bouchouareb. Par ailleurs, le représentant du ministère public a également requis 15 ans de prison ferme et une amende d'un million de dinars contre les deux anciens ministres de l'Industrie Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda, une peine de 10 ans de prison ferme et une amende d'un million de dinars contre l'ancienne wali de Boumerdès Yamina Zarhouni (sous contrôle judiciaire) et 10 ans de prison ferme assortie d'une amende d'un million de dinars contre l'ancien ministre des Travaux publics et des Transports Abdelghani Zaâlane, également ancien directeur de campagne d'Abdelaziz Bouteflika pour le compte du 5e mandat avorté. Le procureur a requis également une peine de 10 ans de prison ferme assortie d'une amende de trois millions de dinars à l'encontre d'Ali Haddad, patron de l'ETRHB et ex-président du FCE, de Ferrat Ahmed et de Hadj-Saïd Malek, ainsi qu'une peine de 10 ans de prison ferme assortie d'une amende d'un million de dinars à l'encontre des hommes d'affaires Mohamed Baïri, Ahmed Mazouz, Achour Abboud, Hassan Larbaoui et Abdelkader Nemroud. Le parquet a requis une peine de 8 ans de prison ferme assortie d'une amende de trois millions de dinars contre Farès Sellal, fils de l'ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal. La même peine a été requise à l'encontre de Karim et de Sofiane Senaï. Une peine de 8 ans de prison ferme assortie d'une amende d'un million de dinars a été requise à l'encontre de fonctionnaires au ministère de l'Industrie et des Mines, Karim Boudjemâa, Omar Agadir, Amine Tira, Mohamed Alouane, Abdelkrim Mustapha et Hassiba Mekraoui. Il faut rappeler que le procès concerne les affaires de montage de voitures dans lesquelles sont impliqués, outre les Premiers ministres et les ministres, trois concessionnaires, à savoir Mohamed Baïri, Ahmed Mazouz et Hassane Larbaoui. Ces derniers sont également poursuivis pour financement occulte de partis politiques. Précisément, la campagne électorale avortée pour le 5e mandat de Bouteflika. Les avocats de Mohamed Baïri et d'Ahmed Mazouz, qui ont plaidé hier dans l'après-midi, ont relevé des vices de procédure. Ils ont dénoncé "la diffusion des images des accusés par certaines chaînes de télévision". Pour eux, "c'est une atteinte au principe de présomption d'innocence". Pour rappel, Saïd Bouteflika, frère et ex-conseiller du président déchu, a été convoqué par le juge du tribunal de Sidi M'hamed avant-hier pour un témoignage. Ce dernier a refusé de répondre aux questions du juge. Après ce réquisitoire, des indiscrétions annoncent le verdict de cette affaire pour aujourd'hui ou demain.