Sa campagne électorale nonchalante et des plus mornes comparée à celle des autres candidats a fait croire que Tebboune était tombé en disgrâce. à l'issue d'un scrutin présidentiel fortement contesté, l'ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune est élu 6e président de la République algérienne avec 58,15%, soit 4 945 116 voix exprimées sur un total de 8 504 346 de votants. Donné favori de l'élection depuis l'annonce des candidatures, Abdelmadjid Tebboune a subi, tout de même, en cours de route, quelques infortunes, du moins au regard de nombreux observateurs qui l'ont cru tombé en disgrâce en chemin, notamment après l'incarcération d'Omar Allilat, un proche qui a été présenté comme l'un des principaux financiers de sa campagne et les attaques dont il a été la cible de la part de certaines chaînes de télévision relayant la propagande du régime. Pour l'opinion publique, ces attaques étaient synonyme d'un "abandon", d'où les regards qui se sont, dès lors, tournés vers Azzedine Mihoubi, présenté, à son tour, comme le candidat adoubé par les décideurs. Ce qui tendait à faire accroire à une disgrâce de Tebboune, sa campagne électorale nonchalante et des plus mornes comparée à celle des autres candidats. L'ancien ministre de Bouteflika et ensuite Premier ministre pour quelques mois ne s'était également pas distingué par une quelconque déclaration ou engagement pouvant le hisser au-dessus des autres prétendants à la magistrature suprême. Au-delà de son engagement "à récupérer l'argent volé", que d'aucuns parmi les juristes ont qualifié de "populisme", Abdelmadjid Tebboune a animé une campagne ordinaire. Il faut rappeler que le nouveau président a été désigné Premier ministre d'Abdelaziz Bouteflika et sa gouvernance a été de très courte durée. Mais sa désignation hier président de la République ne constitue pas une surprise, tant le candidat n'a, à aucun moment, affiché une sérénité perturbée. C'est donc lui que le président de l'Anie a annoncé vainqueur de la présidentielle, hier, à la mi-journée, avec un écart de voix significatif par rapport à son premier poursuivant. Dans son allocution, Mohamed Charfi, président de l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie), a souligné que le taux global de participation était de 41,14% au niveau national et il a été de 39,83% de participation avec celui de la communauté algérienne établie à l'étranger. Il a précisé que le nombre d'inscrits était de 24 474 161. Le nombre d'inscrits à l'étranger est de 914 308. Pour le scrutin, Mohamed Charfi a indiqué que le nombre de voix exprimées était de 8 504 346, avec 1 243 458 bulletins nuls et 11 588 voix en litige. Le président de l'Anie a rappelé que le nombre de bureaux de vote était de 61 239, répartis sur 13 295 centres de vote. Quant aux résultats obtenus par chaque candidat, Mohamed Charfi a souligné qu'indépendamment d'Abdelmadjid Tebboune, Abdelkader Bengrina est arrivé 2e avec 17,38%, soit 1 477 735 voix. Ali Benflis est arrivé 3e avec 10,55% qui représentent 896 934 voix. À rappeler qu'Ali Benflis est à sa 3e participation à une élection présidentielle. Il avait pris part au scrutin de 2004, ensuite à celui de 2014, mais sans pour autant s'imposer dans la course. Azzedine Mihoubi, secrétaire général par intérim du RND, arrive en 4e position avec un taux de 7,26%, ce qui équivaut à 617 753 voix. Abdelaziz Belaïd, président d'El-Moustakbal arrive en 5e et dernière position avec 6,66% de voix exprimées, soit 566 808 bulletins en sa faveur. Interrogé sur les circonstances du vote, Mohamed Charfi a estimé que "c'est la première fois qu'un scrutin a lieu dans un climat de sérénité et de calme". Nonobstant la non-tenue du vote dans certaines localités, notamment en Kabylie, que Charfi a tenté de "minimiser", il a avoué que "ceux qui ont empêché des électeurs de voter sont aussi des Algériens et que cela se produit même dans les plus grandes démocraties". "J'appelle ces jeunes à adhérer à l'édification de l'Algérie nouvelle et de la démocratie à laquelle a appelé le mouvement du 22 février", a dit M. Charfi, ajoutant, dans ce sens, que "l'essentiel pour nous est qu'aucun citoyen n'a été blessé". "Le fait qu'aucune goutte de sang n'ait été versée est déjà un grand exploit pour nous", a dit Mohamed Charfi. "Notre jeunesse doit se consacrer à la construction du consensus national qui repose, avant tout, sur le respect de l'opinion de l'autre et la défense de son droit à s'exprimer librement au sein de la liberté réciproque", a-t-il dit. Il a rappelé que l'opération de vote tenue jeudi a été marquée par des manifestations publiques dans plusieurs wilayas du pays. Hormis la Kabylie où le vote n'a pas eu lieu, des citoyens ont manifesté par dizaines, voire par centaines de milliers, dans les grandes villes du pays comme Alger, Oran et Constantine contre ce qu'ils ont considéré comme "une mascarade". Les résultats définitifs devraient être annoncés par le Conseil constitutionnel dans quelques jours.