Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, n'a laissé planer aucun doute sur la position officielle de la France sur l'élection d'Abdelmadjid Tebboune à la magistrature suprême. En abordant cette actualité dans son intervention dans l'émission "Questions politiques" sur France Inter, le chef de la diplomatie française a utilisé la même sémantique que celle du président Emmanuel Macron, deux jours plus tôt. "Nous avons constaté et pris acte de la victoire de M. Tebboune", a-t-il lancé placidement. "C'est l'interlocuteur" de la France a, certes, précisé Jean-Yves Le Drian, qui a insisté sur la nécessité de poursuivre "la transition démocratique". Sous-entendant qu'il ne convient nullement d'occulter la voix de la rue, il a évoqué l'existence d'un "processus en cours", dans une allusion au mouvement populaire. "On constate aussi qu'il y a un mouvement social important. Il importe de faire en sorte que dans ce moment crucial, le dialogue soit poursuivi", a insisté le chef de la diplomatie française. Ces propos viennent en droite ligne des déclarations du chef de l'Etat français qui, le jour de la proclamation des résultats du scrutin en Algérie, n'avait pas présenté ses félicitations au candidat déclaré vainqueur. Il s'est limité à "prendre acte" de l'élection de M. Tebboune et de le mettre face à face avec le mouvement citoyen, dont la mobilisation ne s'émousse guère. Il a ainsi donné l'impression de ne pas vraiment reconnaître la légitimité du nouveau chef de l'Etat, qui n'a pas épilogué, longuement, sur cette réaction mi-figue mi-raisin lors de sa première conférence de presse. Pendant sa campagne électorale et même le jour du scrutin, il n'a eu de cesse, néanmoins, d'accuser la France de velléités d'ingérence dans les affaires internes du pays et d'avoir contribué à empêcher les ressortissants algériens établis dans l'Hexagone de voter. Il a conseillé alors au président français de "balayer devant sa porte" en répliquant : "Occupez-vous de votre pays et des gilets jaunes ou autres, mais pas de l'Algérie", "Le temps de Bigeard, d'Aussaresses est révolu". À cause de leur passé commun, les relations algéro-françaises ont toujours été fluctuantes. À l'entame du mandat du 8e président de la République, elles semblent entrer dans une zone de turbulences. Par ailleurs, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borell Fontelles, a adopté la même sémantique que Le Drian, dans sa réaction à la l'élection présidentielle. "J'ai pris acte des résultats provisoires de l'élection présidentielle en Algérie, ce pays ami et voisin de l'UE. J'espère que cette élection ouvrira une nouvelle page, permettant de répondre à la profonde volonté de changement que les Algériens expriment depuis février dernier", a-t-il écrit sur son compte Twitter.