Une foule nombreuse s'est rassemblée, hier, devant la prison d'El-Harrach pour acclamer les quatre détenus comme des héros. Il y avait beaucoup d'émotion et de soulagement, mais également de la détermination pour poursuivre le combat jusqu'au départ du régime, hier, chez la foule nombreuse venue attendre les quatre détenus d'opinions, à leur sortie de la prison d'El-Harrach après avoir purgé six mois de prison pour port de l'emblème amazigh. Accueillis avec des bouquets de roses, des plateaux de gâteaux et sous les cris d'"Algérie libre et démocratique", l'élue du RCD de l'Assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou, Samira Messouci, et les manifestants Amokrane Challal, El-Hadi Kichou et Mustapha Aouissi ont vite été emportés par une vague d'étreintes et d'encouragements. "Vous êtes notre fierté !", lance un vieil homme. Les larmes aux yeux, Samira Messouci a remercié le peuple et les différents collectifs constitués en Algérie et à l'étranger pour leur mobilisation, en faveur de la libération de tous les détenus d'opinion et les avocats pour "leur travail exceptionnel". Après une brève halte pour reprendre son souffle, Samira Messouci a soutenu que "le peuple est en train d'écrire une nouvelle page de son histoire. Notre incarcération avait pour but de nous faire baisser les bras, de faire marche arrière et de bloquer la révolution, mais en réalité, le pouvoir n'a fait qu'augmenter notre détermination à continuer". L'élue du RCD a tenu à délivrer un message à la justice algérienne en ces termes : "Quant aux juges qui sont en train de condamner les détenus qui ont marché pacifiquement, ils doivent savoir qu'avec ces condamnations, ils sont en train de se condamner devant le tribunal de l'histoire. Nous sommes la fierté de l'histoire et eux sont dans sa poubelle." Pour sa part, quelques minutes après son élargissement, Amokrane Challal a adressé également de vives remerciements aux personnes "qui les ont soutenus moralement et ne les ont pas abandonnés et également tous les avocats qui se sont mobilisés pour les défendre. Moralement, nous avons tenu le coup grâce à ce soutien et à cette mobilisation. Mais la prison reste la prison, ce n'est pas un conte de fées". De son côté, El-Hadi Kichou est revenu sur l'accusation portée contre lui et ses désormais ex-codétenus en s'insurgeant contre une qualification des faits dont ils s'estiment n'être pas coupables. "Comment osez-vous nous inculper pour atteinte à l'unité nationale alors que nous appelions dans la fraternité, depuis Khenchela, Sétif, Tizi Ouzou, Alger, Béjaïa, Bordj Bou-Arréridj et de toutes les autres régions du pays, à la préservation justement de cette unité nationale. Ceux qui ont réellement porté atteinte à l'unité nationale sont connus et la justice n'a pas bougé. Beaucoup de responsables portent atteinte à l'unité nationale quotidiennement par la prise de décision et les déclarations publiques, notamment au Parlement et à la télévision publique, et personne ne bouge." Et d'ajouter : "Nous sommes sortis manifester pour libérer le pays des voleurs et des traîtres de 1962 à aujourd'hui. L'Algérie peut couvrir les besoins de 300 millions et nous vivons dans l'humiliation. Révisez vos actes. L'histoire vous enregistre et l'histoire ne pardonne pas, vous avez encore une chance de vous rattraper. Nous sommes, pour notre part, innocents de toutes ces accusations."