Aujourd'hui, c'est au tour de l'élue RCD de l'APW de Tizi Ouzou, Samira Messouci, d'Amokrane Challal, d'El-Hadi Kichou et de Mustapha Aouissi de quitter la prison d'El-Harrach. L'étudiant en chirurgie dentaire, Smaïl Chebili, âgé de 24 ans, a quitté, hier, la prison d'El-Harrach et retrouvé sa famille après avoir purgé sa peine. Accusé d'"atteinte à l'unité nationale" pour port du drapeau amazigh, lors de la marche du 27 septembre dernier, l'étudiant, qui était en sixième année de son cursus universitaire, a été condamné à une année de prison dont six mois fermes par le tribunal de Sidi M'hamed. Jugé en deuxième instance par la Cour d'Alger, le 24 décembre dernier, en compagnie de treize autres détenus d'opinion, sa peine a été commuée à six mois de prison dont trois fermes. Ses codétenus, dont les hirakistes Bilal Bacha et Messaoud Leftissi, ont recouvré leur liberté ce jour-là, mais Smaïl Chebili devait attendre encore quelques jours pour purger l'intégralité de sa peine. Hier, Bilal Bacha, avec qui il a noué des liens d'amitié, l'attendait devant l'établissement pénitentiaire en compagnie de nombreux avocats, d'activistes politiques et de militants des droits de l'Homme, afin de fêter dans la liesse son élargissement. Libéré, hier, dans la matinée de la prison d'El-Harach, à Alger, où il a purgé sa peine, Smaïl a rejoint sa famille à Tizi Ouzou. Ce désormais ex-détenu d'opinion a été accueilli avec joie et beaucoup de fierté. Dès son apparition, à 12h, sur la place M'barek-Aït Menguellet, des youyous, des cris de joie et des slogans de la révolution populaire fusaient de la grande foule, composée de sa famille, des ses amis et de nombreux citoyens, qui l'attendait. "Je suis très content de retrouver ma famille, ma ville et ma wilaya. Merci pour tout votre soutien", a lancé, ému, Smaïl Chebili à la foule. "Surtout, merci pour votre mobilisation. J'espère que nous resterons mobilisés jusqu'à la libération de tous les détenus qui sont encore en prison", a-t-il poursuivi. Avec l'emblème amazigh à la main, il a déclaré : "Ce drapeau reste pénalisé et interdit dans la capitale ; ce qui est grave, puisque la langue amazighe est reconnue par la Constitution. Ce drapeau n'a jamais représenté un objet de délit et il ne peut l'être aujourd'hui." Evoquant sa détention, cet étudiant en médecine dentaire a révélé que "la première question que posaient les détenus à leurs avocats lors de leurs visites en prison était de savoir comment est la mobilisation à l'extérieur ? Le hirak se maintient-il ? Cela nous faisait aussi plaisir de savoir qu'à l'extérieur, il y avait un grand élan de solidarité avec nous, ce qui nous remontait le moral et nous poussait à poursuivre notre combat". S'exprimant sur les conditions de détention des autres détenus, plus particulièrement celle du moudjahid Lakhdar Bouregâa, Smaïl Chebili a souligné : "C'est une personne extraordinaire." "Il nous donnait des conseils et nous parlait de la Révolution et de ce qu'il avait fait durant la guerre de libération. J'espère qu'ils ne tarderont pas à le libérer, parce que vu son grand âge et son état de santé, il devrait être parmi les siens", a ajouté Smaïl. Aujourd'hui, c'est au tour de l'élue RCD de l'Assemblée de la wilaya de Tizi Ouzou, Samira Messouci, et d'Amokrane Challal, d'El-Hadi Kichou, ingénieur, et de Mustapha Aouissi de quitter la prison d'El-Harrach après avoir purgé leur peine de six mois fermes après leur arrestation le vendredi 28 juin dernier pour port du drapeau amazigh. Et demain comparaîtront, devant la section des délits du tribunal de Sidi M'hamed, neuf autres manifestants. Le nombre de prisonniers d'opinion est de 151, selon un décompte non exhaustif établi le 19 décembre 2019 par le Comité national pour la libération des détenus et le Réseau contre la répression. À Alger, 66 personnes ont été placées en détention pour port de l'emblème amazigh ou pour avoir affiché des pancartes hostiles au pouvoir. Et d'autres pour avoir simplement vendu des pin's arborant le drapeau berbère.