La tension fait désormais peser une menace sérieuse sur la sécurité de la région, alors que le monde entier redoute une escalade, voire une véritable guerre aux conséquences désastreuses. Selon des médias irakiens, le porte-parole du commandant en chef des forces armées irakiennes, le général de division Abdul Karim Khalaf, a annoncé hier que "la préparation d'un mécanisme visant à retirer les forces étrangères du territoire irakien va commencer", indiquant que "les forces de la coalition internationale se limiteront à la formation, à l'armement et aux conseils uniquement". Il a expliqué que "les Américains ont mené des opérations individuelles à l'insu du commandement général des forces armées", soulignant que "les récentes frappes américaines sont une folie qui ne peut être tolérée". Il a souligné que "le chef de la Force iranienne, Qassem Soleimani, était un invité qui ne pouvait être ciblé parce que sa présence relevait d'une affaire irakienne", notant que la menace du président américain Donald Trump contre les sanctions est inappropriée et que le gouvernement irakien coopérera économiquement avec les Américains, précisant que "les pays étrangers ont rejeté toute sanction supposée" sur l'Irak. Dimanche soir, le président Donald Trump avait menacé l'Irak de "sanctions très fortes" après le vote du Parlement de Bagdad, dans l'après-midi, en faveur de l'expulsion des troupes américaines de ce pays. "S'ils nous demandent effectivement de partir, si nous ne le faisons pas sur une base très amicale, nous leur imposerons des sanctions comme ils n'en ont jamais vu auparavant", a-t-il lancé. "Nous avons une base aérienne extraordinairement chère là-bas. Elle a coûté des milliards de dollars à construire. Nous ne partirons pas s'ils ne nous remboursent pas", a-t-il martelé. Depuis la liquidation par l'armée américaine, vendredi, du général iranien Qassem Soleimani dans un raid américain, le sentiment anti-américain a été ravivé comme jamais en Irak mais également dans tout le Moyen-Orient : en Syrie, au Liban et au Yémen notamment. Interrogé sur l'attitude de Téhéran, qui crie "vengeance" et promet une riposte "militaire", le président américain a opté par ailleurs pour un ton très dur : "S'ils font quoi que ce soit, il y aura des représailles majeures". La tension fait désormais peser une menace sérieuse sur la sécurité de la région, alors que le monde entier redoute une escalade voire une véritable guerre aux conséquences désastreuses. Hier, le successeur du général assassiné Soleimani, le brigadier général Esmail Ghaani, nouveau commandant de la Force al-Qods, a déclaré, après son installation, que "l'Iran vengerait le sang du général Qassem Soleimani et des martyrs de la Résistance." "Nous prendrons de nombreuses mesures pour expulser les Etats-Unis de la région sous la direction du chef de la révolution islamique", a-t-il assuré. M. Ghaani a estimé en outre que "le meurtre du président américain Donald Trump ne serait pas suffisant pour venger le sang du martyr Qassem Soleimani". C'est dans ce contexte d'escalade verbale et de surenchère que d'autres roquettes se sont abattues, dimanche soir et pour la deuxième nuit consécutive, près de l'ambassade américaine dans la Zone verte de Bagdad, sans faire de victimes, selon des médias locaux. Par ailleurs, plusieurs ressortissants américains et étrangers s'apprêtaient hier, selon des médias, à quitter le sol irakien. De son côté, les Brigades du Hezbollah, la faction la plus radicale du Hachd, avaient appelé dès dimanche les soldats irakiens à s'éloigner "d'au moins 1 000 mètres" des sites où sont présents des soldats américains, sous-entendant que ces sites pourraient être la cible d'attaques. Le mouvement chiite libanais Hezbollah, dont les hommes sont engagés en Syrie aux côtés de Bachar al-Assad et de son allié iranien, a affirmé pour sa part que l'armée américaine "paierait le prix de l'assassinat" de Soleimani.