Dimanche, l'ONU a dénoncé la poursuite des livraisons des armes aux parties libyennes, en violation de l'embargo sur les armes et des engagements pris par certains pays lors de la Conférence de Berlin sur la Libye, il y a une semaine. L'armée nationale libyenne (ANL) du controversé maréchal Khalifa Haftar a relancé ses troupes dimanche en direction de la ville portuaire de Misrata, en violation de la fragile trêve qu'il a lui-même annoncée, après neuf mois de violences meurtrières autour de la capitale Tripoli. Des citoyens ont signalé en effet un mouvement de ses soldats, qui ont encore ciblé l'aéroport de Mitiga à Tripoli, blessant deux civils et causant des dégâts matériels, selon la Mission de maintien de la paix de l'ONU en Libye. "La Manul condamne dans les termes les plus fermes l'attaque contre l'aéroport de Mitiga, par deux missiles Grad, qui a fait au moins deux civils blessés et endommagé le tarmac et un certain nombre de bâtiments, y compris des propriétés privées et publiques", lit-on dans le communiqué publié hier matin par la mission onusienne sur sa page facebook. "La mission rappelle que les attaques contre des cibles civiles, en particulier des installations publiques, constituent une violation flagrante du droit international humanitaire, et que les attaques répétées contre Mitiga ont privé deux millions d'habitants de la capitale de leur seul aéroport en activité", ajoute le communiqué en question. Cette escalade intervient neuf jours après la tenue de la conférence internationale de Berlin sur la Libye et à l'issue de laquelle les pays participants avaient appelé les parties libyennes à prolonger la trêve, en attendant d'arriver à un véritable cessez-le-feu durable et permanent. Mais Khalifa Haftar ne semble pas prêt à écouter l'appel de la communauté internationale pour un retour à la table des négociations, tout comme les soutiens extérieurs des parties libyennes en conflit qui continuent à livrer des armes pour eux, selon un autre communiqué de la Manul dimanche. Face à ces violations régulières de la trêve, le chef du Gouvernement libyen d'union nationale (GNA), Fayez al-Serraj, a déclaré hier qu'il sera contraint de revoir sa participation à toutes ces initiatives internationales visant à mettre fin au conflit en Libye. "Le GNA sera obligé de reconsidérer sa participation à tout dialogue en raison des violations de la trêve" par les forces de l'ANL, a déclaré le GNA dans un communiqué rendu public hier matin sur sa page facebook. Selon le GNA, les pays participants à la conférence de Berlin sur la Libye doivent "assumer leurs responsabilités envers les violations de la trêve et les décisions de la conférence" par les troupes de Khalifa Haftar, qui bénéficient du soutien de l'Egypte, des Emirats arabes unis, de la Jordanie et de l'Arabie Saoudite, mais aussi de celui de la Russie et de la France. Les soldats de l'ANL "ont violé trêve, car ses missiles sont tombés sur les zones du marché d'Arada et d'el-Jomaa et sur l'aéroport civil de Mitiga à Tripoli", ajoutant qu'ils "ont mené, avec des mercenaires, une attaque au sol contre Abu Qurain, Qaddiyah et Al-Washaka, soutenue par des avions étrangers".