Les forces de Khalifa Haftar ont essuyé de lourdes pertes, avec au moins 15 soldats tués et des dizaines de blessés, selon des sources médicales. Les forces dépendant du Gouvernement libyen d'union nationale (GNA), dirigé par Fayez al-Serraj, sont passées dans la nuit de samedi à dimanche à la contre-offensive qui a contraint les troupes de Khalifa Haftar de battre en retraite, selon les médias locaux. Appuyées par des milices, considérées par le controversé maréchal comme "terroristes", les forces du GNA ont continué toute la journée d'hier leurs opérations, notamment dans le sud de la capitale libyenne, où Haftar a essuyé d'importantes pertes humaines. Des sources médicales affirment avoir reçu au moins 15 soldats de l'armée arabe libyenne (ANL de Haftar) à l'hôpital de Ghariane, que les troupes du maréchal avaient conquise samedi, avant d'être chassées par les raids aériens des avions de chasse dépêchés de l'Ecole de l'aviation de Misrata. L'aéroport de Tripoli, tombé lui aussi entre les mains des soldats du controversé maréchal, a été aussi repris en main, après l'intervention des Brigades révolutionnaires de Tripoli (BRB) de Haïthem al-Tajouri. Cette contre-offensive des forces du GNA a été annoncée par Fayez al-Serraj lors d'un discours télévisé dans la nuit de samedi à dimanche. En début d'après-midi, le porte-parole des forces du GNA, le colonel Mohamad Quanounou, a affirmé, lors d'un point de presse, que "cette opération vise à purger toutes les villes des forces illégitimes", en référence à l'ANL. "Nous ne permettrons pas de militariser l'Etat", a-t-il ajouté. Face à la violence des combats opposant les forces du GNA aux soldats de Khalifa Haftar, la mission de l'Onu en Libye a appelé à une trêve humanitaire afin de permettre l'évacuation des civils pris en étau dans plusieurs secteurs de la capitale. "Manul appelle toutes les parties armées se trouvant dans la région de Wadi Rabi, al-Kayekh, Gasr Ben Ghachir et Al-Aziziya (au sud de Tripoli) à respecter une trêve humanitaire de 16h00 à 18h00 (de 14h00 à 16h00 GMT) pour sécuriser l'évacuation des blessés et des civils par les équipes de secours et du Croissant rouge libyen", a indiqué la mission de l'ONU en Libye (Manul) dans un bref communiqué, diffusé sur sa page facebook. De son côté, le commandement des Etats-Unis pour l'Afrique (Africom) a annoncé hier matin le retrait provisoire de ses militaires présents en Libye. "En raison du regain des troubles en Libye, un contingent des forces américaines de soutien au Commandement des Etats-Unis pour l'Afrique (Africom) a temporairement déménagé du pays en réponse à la situation sécuritaire sur le terrain", a indiqué l'Africom, basé à Stuttgart (Allemagne), dans un communiqué. Depuis l'annonce mercredi de cette opération par le commandement militaire de l'ANL, sur ordre de Khalifa Haftar, de nombreuses voix libyennes et à l'international ont dénoncé toute escalade militaire à la veille de la Conférence nationale, prévue à Ghadamès du 14 au 16 avril et que l'Onu a affirmé maintenir. Fort du soutien des Emirats arabes unis, de l'Arabie Saoudite et de l'Egypte, Khalifa Haftar cherche à s'imposer comme la seule alternative à une crise politique qui dure depuis la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Mais les Libyens rejettent toute militarisation du futur Etat, tout comme les parties impliquées dans le règlement de cette crise. Lyès Menacer