Les ateliers ont recommandé "l'approche d'une gestion à objectifs dans le but d'améliorer le cadre de vie du citoyen et d'accentuer la relance économique". "Etablissement de passerelles", fixer des objectifs et décentraliser la gestion des fonds publics ; après deux jours de débats et de consultations, les participants à la rencontre gouvernement-walis, tenue dimanche et lundi à Alger, ont produit une série de recommandations, dont une bonne partie a déjà figuré dans les documents élaborés par les conclaves similaires organisés sous l'ancien pouvoir. La lecture des rapports et des recommandations des six ateliers renseigne à quel point les discours sont souvent éloignés des réalités. Il s'agit d'abord d'une demande de décentralisation et surtout de prioriser les projets de développement. Mais surtout de définir des "objectifs" dans chaque projet ou région. C'est ce que recommandent les conclusions d'un atelier qui avait pour thème "Améliorer la vie du citoyen". Les participants à ce groupe de travail ont proposé d'adopter "l'approche d'une gestion à objectifs dans le but d'améliorer le cadre de vie du citoyen et d'accentuer la relance économique". Ils ont également recommandé "la nécessité de mettre en place un plan de développement local, à même de servir de plan stratégique pour le développement à court et à moyen terme". Ils ont, en outre, proposé la mise en place d'une banque de données pour connaître les besoins de chaque région et de mûrir les projets avant leur réalisation. Une bonne partie des recommandations des ateliers de travail ont, d'ailleurs, été résumées par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, qui a clos les travaux de la rencontre hier à la mi-journée. Tout en estimant que les autorités ne peuvent "rester les bras croisés face à la situation critique que vivent beaucoup" de citoyens, le Premier ministre a mis en garde les walis. "Votre travail sera dorénavant soumis à un suivi et à une évaluation continue, et vous n'aurez d'autre choix que de réussir dans vos missions et d'obtenir des résultats concrets", a-t-il indiqué. Le spectre de la bureaucratie Visiblement affecté par les images diffusées au début de la rencontre gouvernement-walis, Abdelaziz Djerad a appelé les walis à "opérer une véritable rupture avec la bureaucratie dans toutes ses formes", à "intensifier le travail de terrain, suivre la situation des citoyens et écouter leurs préoccupations". Il a annoncé l'élaboration d'un programme urgent de développement visant à réduire les écarts et les inégalités en matière de développement entre les régions du pays, en lui consacrant une enveloppe financière de l'ordre de 100 milliards de dinars, en vue de désenclaver les régions montagneuses et éloignées et généraliser le raccordement aux réseaux routier, du gaz, de l'électricité et de l'alimentation en eau potable. Cependant, "les objectifs tracés par l'Exécutif ne pourront être réalisés sans l'éradication de la bureaucratie, cette maladie qui ronge notre administration", a affirmé le Premier ministre qui a appelé les cadres de l'Etat à protéger l'administration des dérapages qui pourraient se produire sans prendre en considération la souffrance et les problèmes de nos concitoyens. Il a également plaidé pour l'assainissement de "notre administration des pratiques révolues et de la bureaucratie qui pèsent lourd sur nos citoyens et ont retardé les investissements créateurs de richesses et d'emplois". En plus de lancer un programme d'urgence pour notamment réaliser des projets dans les zones deshéritées, Abdelaziz Djerad a préconisé de s'attaquer à la formation des administrateurs. Il propose, dans ce sens, la réforme de l'Ecole nationale d'administration et des écoles locales de formation. Tout en appelant à accorder une importance capitale à la formation et à la qualification de la ressource humaine, en vue de "mener à bien la réforme administrative escomptée", le Premier ministre a annoncé la révision de la structuration et des objectifs de certaines agences et instances relevant du ministère de l'Intérieur, en vue de "les renforcer avec des objectifs précis et clairs". Il a annoncé, dans la foulée, la réforme des statuts de certains organismes comme le Craag, le centre de recherche en astrophysique, astrologie et géophysique, le Centre national de prévention des catastrophes majeures et d'autres structures étatiques appelées à se conformer à la nouvelle donne. Avant de lancer des projets de développement, la rencontre s'est également penchée sur les investissements dans les régions éloignées. Un atelier s'est d'ailleurs penché sur la problématique du foncier. Le Premier ministre a appelé à "assouplir" les dossiers d'investissements en "cessant d'exiger des documents que détiennent déjà d'autres administrations", il a demandé de donner aux collectivités la possibilité de choisir elles-mêmes les investisseurs et l'emplacement des projets. Parmi les recommandations de cet atelier figurent la création de banques de données à même de fournir différents indicateurs aux wilayas pour un meilleur choix de projets, l'association des opérateurs privés dans la gestion et la réhabilitation des zones industrielles, le recours aux procédures d'enchères publiques pour l'octroi du foncier en dehors de ces zones et la protection du foncier à travers la possibilité de sa récupération en cas de non-lancement du projet dans les délais impartis. Des recettes déjà proposées à la lecture de certaines recommandations, on a une impression de déjà-vu. Dans une précédente rencontre entre le gouvernement et les walis, tenue en 2018, les autorités de l'époque avaient déjà évoqué la nécessité de "décentraliser" la gestion des collectivités et de "développer une administration de proximité" en permettant notamment la "numérisation de l'administration". Plus que cela, il y a plusieurs années, les autorités avaient également proposé de revoir la loi sur la fiscalité locale. Pis encore, à l'ère de l'amenuisement des ressources financières de l'Etat, le ministre de l'Intérieur de l'époque avait demandé aux responsables locaux de se transformer en managers en allant "chercher des ressources financières" ailleurs que dans le budget de l'Etat. D'autres rencontres ont également eu lieu auparavant. Les conclusions qui en ont été tirées sont toujours prisonnières des placards des départements ministériels. Puis en 2020, c'est toujours le Trésor public qui finance les communes et autres collectivités locales. Pour la seconde fois en deux jours, Abdelmadjid Tebboune a rencontré, hier en début d'après-midi, les walis. Cette fois-ci, la rencontre a eu lieu à la présidence de la République.