À l'occasion de la commémoration du 31e anniversaire de la mort de cet écrivain, anthropologue et linguiste, des personnalités, telles que Hacène Metref, Hamou Boumedine ou encore Slimane Hachi, étaient présentes pour animer diverses activités à Tizi Ouzou. Trente et un an après la mort de Mouloud Mammeri, son œuvre demeure toujours vivante, mais nécessite encore d'importants efforts en termes de vulgarisation et de transmission pour que les générations, actuelle et à venir, puisse comprendre sa teneur et sa grandeur. C'est du moins ce que préconisent plusieurs intellectuels que nous avons eu à interroger à l'occasion de la commémoration du 31e anniversaire de la mort de cet écrivain, anthropologue et linguiste dont la renommée a dépassé les frontières nationales depuis belle lurette. "L'œuvre de Mouloud Mammeri est toujours vivante. Il y a toujours des non-dits sur son parcours et surtout sur son œuvre, c'est pourquoi nous faisons en sorte de perpétuer son combat et de vulgariser son travail", a souligné Hacène Metref, membre du collectif des activités culturelles d'Ath Yenni, qui a concocté, en collaboration avec l'APC, un programme de célébration de cet anniversaire. Pour notre interlocuteur, c'est dans cet esprit d'ailleurs qu'a été choisi d'organiser plutôt des rencontres avec des élèves, un mini-salon de livres avec la participation d'une vingtaine d'auteurs, des conférences et un concours sur la vie et l'œuvre de Mammeri. Rencontré hier, le militant politique et culturel Hamou Boumedine a estimé que "si pour les anciennes générations, l'œuvre de Mammeri est suffisamment connue, ce n'est pas le cas pour les générations actuelles". "Il y a, dit-il, un problème de transmission générationnelle dans la production littéraire et dans la prise de conscience de ce qu'ont été les acteurs de la revivification de la culture et de la langue amazighes de manière générale." Pour Hamou Boumedine, "il faut une meilleure implication de tout un chacun pour qu'on ne laisse pas mourir quelqu'un qui a été de tout temps vivant en nous et pour nous !". Le chercheur et directeur du Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine immatériel en Afrique, Slimane Hachi, n'en pense guère moins. Tout en affirmant que Mammeri a été d'un apport immense dans la promotion de l'anthropologie et qu'"il est même le fondateur de l'anthropologie en Algérie avec ses travaux à Timimoune", Slimane Hachi, qui s'exprimait à l'occasion du lancement du programme commémoratif initié par la direction de la culture, a estimé que "par le travail de recherche qu'il avait réalisé notamment sur l'Ahelil de Gourara, classé patrimoine culturel immatériel de l'humanité, Mammeri a mis en place une méthodologie de travail exportable et extensible à tous les groupes et pays". À travers ses propos, Slimane Hachi laisse entendre lui aussi que des efforts restent encore à faire dans ce sens. Intervenant à la même occasion, la directrice de la culture de wilaya, Mme Nabila Goumeziane, a plaidé pour la vulgarisation de la méthodologie d'enseignement de langue amazighe dont Mammeri a été le précurseur. En somme, les intervenants plaident pour un travail pédagogique de nature à promouvoir l'immense œuvre de l'auteur et de cet intellectuel hors pair que fut Mouloud Mammeri.