Plus de 80% des Algériens ont des préjugés négatifs sur l'implication des femmes dans l'activité politique et environ 74% estiment qu'elles ne feront pas de bonnes dirigeantes d'entreprise. Près de 88% sont favorables à l'atteinte à l'intégrité physique des femmes. La représentante résidente du Pnud en Algérie, Blerta Aliko, a animé, hier au siège de l'organisation, une table ronde sur les projets de coopération engagés avec les autorités nationales, et surtout sur la situation de la femme. Elle a soutenu qu'en Algérie de nombreuses lois progressistes sont en vigueur, comme celle sur la nationalité et celle sur les quotas dans les Assemblées locales. Il reste la polygamie, autorisée par le code de la famille ; une disposition du code pénal qui permet l'abandon des charges judiciaires contre un violeur s'il se marie avec sa victime et le déficit d'autonomie financière, notamment en zones rurales. "L'Algérie pourrait gagner des points si elle améliorait la condition des femmes par des textes d'application aux lois existantes et si elle faisait des efforts sur l'autonomie économique des femmes rurales", a-t-elle suggéré. Le Pnud organise, lundi 9 mars, une conférence sur le statut de la femme. Il a, par ailleurs, obtenu l'approbation des pouvoirs publics pour la tenue d'une conférence nationale sur les droits des femmes les 28 et 29 mars. Le rapport du Pnud sur le développement humain 2019, rendu public le 5 mars, dévoile une régression dans les acquis obtenus par les femmes après plusieurs décennies de lutte pour leurs droits fondamentaux. "La lutte pour l'égalité des sexes se situe au niveau des préjugés", note-t-on dans le document. La nouvelle génération a paradoxalement une image moins valorisante de la femme. "Les possibilités de parité basées sur les stratégies actuelles s'amenuisent en partie à cause des normes sociales." Un indice des normes sociales relatives à la parité hommes-femmes (données de la World Values Survey lesquelles couvrent 81% de la population mondiale), révèle que 91% des hommes et 86% des femmes "entretiennent au moins un préjugé manifeste contre l'égalité des sexes dans les domaines politique, économique, de l'éducation et de l'intégrité physique". Les chiffres propres à l'Algérie sont déclinés ainsi : 80,08% des Algériens ont des appréciations défavorables sur l'implication de la femme dans l'activité politique, 74,08% ont des préjugés négatifs contre sa nomination à des postes de haute responsabilité dans les entreprises ; près de 88% sont favorables à l'atteinte à l'intégrité physique des femmes et 37,17% sont contre son accès à l'éducation. En la matière, l'Algérie est largement au-dessus de la tendance mondiale. Environ 28% des personnes interrogées dans 75 pays, sont favorables aux violences domestiques contre les femmes. 50% estiment que les hommes font de meilleurs leaders politiques et 45% les jugent plus performants comme chefs d'entreprise. Indice frappant : uniquement 5,8% des P-DG des 500 plus grandes firmes dans le monde sont des femmes. Neuf femmes sont Premiers ministres dans potentiellement 193 pays. 25% des sièges des Parlements, dans le monde, sont occupés par des élues. Le taux de scolarisation des femmes est important. Pourtant, le taux des diplômées en Stem (Sciences, technologie, engineering et mathématiques) est inférieur à 15%. Les femmes représentent, en moyenne, 43% de la main-d'œuvre agricole dans les pays en développement. La proportion de celles qui ont le statut de propriétaires agricoles, stagne à 18%.