Les Sétifiens méritent, certes, une sanction pour avoir réagi et détérioré la pelouse, mais le CABBA est davantage coupable dans cette affaire pour avoir ouvert les hostilités et surtout pour sa responsabilité exclusive dans l'organisation de la rencontre. La sanction peut-elle être identique pour deux protagonistes dans une affaire disciplinaire quand les deux clubs sont impliqués, à des degrés différents, dans les incidents, sachant que l'organisation d'une rencontre de football relève de la responsabilité exclusive du club recevant ? La question mérite d'être posée après le verdict rendu public lundi soir par la commission de discipline (CD) de la FAF dans l'affaire des incidents qui ont émaillé la rencontre comptant pour les quarts de finale (aller) de la Coupe d'Algérie CABBA-ESS (1-1). C'est-à-dire que la CD a mis dans le même sac l'équipe visiteuse laquelle a vécu l'enfer à Bordj Bou-Arréridj mais qui a répliqué en abîmant la pelouse du stade, et l'équipe hôte qui a bombardé le terrain de toutes sortes de projectiles et de fumigènes après le but sétifien, lançant du coup les hostilités. Il est difficile d'ailleurs d'imaginer en effet que tous ces incidents ont pu avoir lieu sans la réaction négative et démesurée des supporters du CABBA à partir de la 70'. Ce sont bel et bien les Bordjis qui ont mis le feu aux poudres avant la réaction des supporters de l'ESS. Le bourreau et la victime ont eu droit donc au même traitement. Ainsi, la commission de discipline, qui a qualifié ces incidents de "graves", indique : "Suite à l'examen des rapports des officiels de la rencontre CABBA et ESS dans le cadre des ¼ de finale (aller) de la Coupe d'Algérie, dans lesquels le commissaire au match et le délégué chargé de la sécurité ont signalé plusieurs infractions : jets de fumigènes et de projectiles sur le terrain, échanges de jets de projectiles entre les deux galeries à l'intérieur et à l'extérieur du stade entraînant des blessures aux supporters des deux galeries et aux agents des services de sécurité, dégradation du matériel à l'intérieur du stade par les supporters de l'ESS. Après examen des pièces versées (rapport des clubs CABBA et ESS). Après avoir visionné les vidéos versées dans le dossier, la commission constate et qualifie les incidents survenus lors de cette rencontre comme des incidents graves, conformément à l'article 73 du code disciplinaire de la FAF. Attendu que les deux équipes CABBA et ESS sont responsables des incidents graves. Attendu qu'en cas de concours ou récidive d'infraction, la commission peut aggraver la sanction conformément aux articles 38, 39 et 73 du code disciplinaire. La commission de discipline inflige 6 matchs à huis clos plus 400 000 DA d'amende à l'équipe du CABBA ; 6 matchs à huis clos plus 400 000 DA d'amende à l'équipe de l'ESS. Les deux clubs seront privés de la quote-part due au titre des droits de télévision pour ce match. Désignation d'une commission ad hoc pour l'évaluation des dégâts matériels occasionnés à l'intérieur du stade par les supporters du club de l'ESS, en conséquence le club ESS est tenu de rembourser tous les frais des dégâts au gestionnaire du stade du 20-Août-1955 de BBA qui seront évalués par ladite commission." Que dit l'article 73 du code disciplinaire ? "Tous les incidents graves sans dommages physiques survenus et signalés sur la feuille de match après la fin de la rencontre sont sanctionnés comme suit : - trois (3) matchs à huis clos au(x) club(s) fautif(s) ; - deux cent mille dinars (200 000 DA) d'amende au(x) club(s) fautif(s)", note le règlement. Pourquoi donc la CD a doublé la sanction conformément à l'article 38 qui stipule que "la commission de discipline peut en cas de récidive aggraver la sanction", sachant que c'est la première fois cette saison que le terrain de Bordj connaît des incidents aussi graves et que la galerie de Sétif n'a pas eu de comportement hostile cette saison, surtout en dehors de son stade. Les derniers PV de la CD ne signalent concernant ces deux équipes que des jets de fumigènes. La volonté de la FAF de frapper fort dans ce dossier est claire, mais elle s'est concrétisée aux dépens de l'ESS qui a payé le prix fort d'une mauvaise organisation dont elle n'est pas du tout responsable. Les Sétifiens méritent une sanction pour avoir réagi et détérioré la pelouse, conformément au code disciplinaire, mais le CABBA est davantage coupable dans cette affaire pour avoir ouvert les hostilités et surtout pour sa responsabilité exclusive dans la très mauvaise organisation de la rencontre.