Entre l'érosion de la rente pétrolière, une croissance atone et des déficits aggravés, la situation macroéconomique est des plus inquiétantes. La chute des prix du pétrole a chamboulé l'ordre des priorités économiques du gouvernement. "Nous sommes appelés à revoir l'ordre des priorités de l'élan économique", a annoncé le président de la République, dans son intervention, au terme d'un exposé sur la situation qui prévaut au sein des marchés pétroliers mondiaux, présenté, dimanche au Conseil des ministres, par le ministre de l'Energie. Les prix du pétrole, selon le communiqué du Conseil des ministres, ont baissé de plus de 50% en mars, comparé au mois de janvier dernier. Le président Tebboune a reconnu que "le recul des recettes algériennes d'exportation des hydrocarbures était une réalité liée à l'évolution de la pandémie de coronavirus que connaît le monde", indiquant qu'il faut "se préparer sérieusement pour surpasser les répercussions de la crise économique mondiale". Pour surmonter cette situation, "qui fait actuellement l'objet de contacts au plus haut niveau au sein de l'Opep", le Conseil des ministres évoque plusieurs mesures : l'augmentation au plus haut niveau de la production des engrais, le renforcement des prestations de transport maritime des hydrocarbures au niveau international, l'examen de la possibilité d'exportation de l'électricité à certains pays voisins, la réduction des importations du secteur au maximum, le report de certains projets d'investissement ne revêtant pas un caractère urgent, particulièrement les centrales électriques, et le gel des appels d'offres lancés pour l'acquisition des équipements de transport, à même d'économiser un milliard de dollars. Mais si le gouvernement est appelé à revoir l'ordre des priorités, "cela ne doit en aucun cas affecter les axes vitaux des plans nationaux de développement, notamment ceux portant sur les acquis sociaux, à l'instar du niveau de vie du citoyen, des salaires et retraites et des postes d'emploi", a souligné le chef de l'Etat. Entre une croissance atone, l'érosion de la rente et des déficits jumeaux significatifs, la situation macroéconomique inquiète. "Pour l'instant, les réserves de changes restent confortables, mais la vitesse et l'amplitude de leur contraction constituent une source de vulnérabilité majeure à court-moyen terme", avait relevé récemment BNP Paribas. Les recettes de l'Algérie des hydrocarbures se sont élevées, jusqu'à fin février 2020, à 5 milliards de dollars, au lieu de 6 milliards de dollars prévus, en raison des répercussions de la pandémie de coronavirus sur le marché mondial du pétrole, en sus de la baisse de la demande européenne sur le gaz du fait des conditions climatiques, a fait savoir, mercredi dernier, le ministre de l'Energie, Mohamed Arkab. Le ministre table sur le règlement de la crise pour que l'Algérie puisse engranger des recettes pétrolières estimées à 34 milliards de dollars en 2020. Un objectif qui semble irréalisable avec le niveau des prix du baril actuel. Hier, dans la matinée, le baril de Brent de la mer du Nord chutait de 4,9% à 25 dollars le baril. Par ailleurs, en faisant porter l'ajustement budgétaire sur les investissements publics, l'impact récessif sur l'économie risque d'être décuplé.