Alors que des voix médicales supplient depuis plusieurs jours les Algériens à se confiner chez eux et à n'en sortir qu'en cas d'urgence, de nombreux citoyens continuent de vaquer à leurs occupations quotidiennes sans protection et sans observer les plus simples mesures de sécurité décrétées par les organismes de santé. Si à Oran-ville une bonne partie des habitants a pris les devants et décidé de casser la chaîne de propagation du coronavirus en se coupant volontairement de la société — certains se sont enfermés une dizaine de jours avant l'appel des autorités nationales — et en obéissant aux recommandations de l'OMS, la situation est quelque peu différente dans les communes environnantes, où nombre de citoyens ne semblent toujours pas prendre la mesure du danger que le Covid-19 représente. À Douar Boudjemâa, à Hassi Bounif, à Hassi Ameur, à Hassiane Toual..., petites localités de quelques milliers d'habitants situées au sud-est du chef-lieu la wilaya, les citoyens circulent sans protection aucune et se côtoient allègrement devant les vendeurs de fruits et légumes ambulants, qui, il est vrai, affichent des prix plus avantageux que ceux des grands centres urbains. Ici, les masques de protection et la distance de sécurité entre les personnes ne semblent avoir aucune signification chez les consommateurs ni auprès des marchands. Le retard mis par les autorités algériennes à évaluer le danger d'un virus qui se propageait à grande vitesse et à agir en conséquence, notamment en termes de sensibilisation, pourrait bien avoir des retombées désastreuses sur la santé des Algériens. Des jeunes et moins jeunes, sans bavette ni masque, ne craignent pas de se rassembler au coin des rues ou autour d'une table disposée devant une boutique — comme cela s'est vu à Hassi Ameur — pour discuter le bout de gras, s'échanger cigarettes et postillons. À Gdyel, daïra située à environ 25 km à l'est d'Oran, la majorité des commerces sont fermés, mais là aussi, le confinement ne semble pas être une priorité, ni le port de bavette un souci. À l'exception de quelques femmes masquées qui démontrent, une nouvelle fois, qu'elles peuvent se montrer beaucoup plus responsables que les hommes. Sur la route principale, une supérette interdit l'entrée de plus de quatre clients à la fois, mais dès que la vigilance du jeune veilleur fléchit, les consommateurs s'engouffrent dans le grand magasin. Résultat : des clients sans masque s'entrecroisent, se frôlent parfois avec insouciance entre les rayons, avant de se retrouver à moins de 10 cm l'un de l'autre devant les deux caisses enregistreuses tenues par des caissières en bavette. Alors que les autorités viennent d'instaurer le couvre-feu nocturne, beaucoup appellent de leurs vœux le confinement total pour briser la chaîne de transmission du virus : "Tant que les contacts sociaux sont maintenus, le virus continuera de se propager de manière exponentielle et il sera de plus en plus difficile de le contenir", avertissent les spécialistes, en donnant en exemple des pays aux systèmes de santé beaucoup plus performants que le nôtre, qui n'ont pas hésité à imposer le confinement total pour tenter de circonscrire la propagation de Covid-19. Une mesure qui s'avère d'autant plus impérative pour l'Algérie que les mesures de protection sont encore très peu observées par la population.