Ils ont mis sur pied des cellules de crise et de veille pour répondre aux besoins en médicaments et en nourriture, ainsi qu'à l'évacuation des malades. Les habitants des quatre communes de la daïra de Djaâfra, au nord du chef-lieu de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, Ilmayen, Teffreg, El-Colla et Djaâfra, sont tous mobilisés pour lutter contre le coronavirus et contribuer à l'effort national. La première décision de ces habitants est de rester en confinement partiel volontaire dans leurs villages tout en assurant aux habitants les moyens de survie (ravitaillement des magasins, transport des malades, recensement des habitats). Des mesures d'hygiène et de logistique ont été instaurées en attendant un confinement total si nécessaire. Par ailleurs, ils ont mis sur pied des cellules de crise et de veille pour répondre aux besoins en médicaments et en nourriture, ainsi qu'à l'évacuation des malades. "Le confinement, ou restez chez soi, n'est pas synonyme de dormir et attendre la fin", dira Hamza, un habitant de la commune d'Ilmayen. "Même si on n'a enregistré aucun cas dans la région, c'est l'occasion de penser aux autres et de donner de son temps, de son savoir-faire, de son argent", ajoutera-t-il. En effet, c'est la deuxième décision que les habitants ont prise : "Aider les autres." Renforçant les mesures de prévention, plusieurs comités de village et autres organisations de la société civile ont décidé, comme deuxième étape, de rester productifs. Particuliers comme entreprises veulent participer à la lutte contre l'épidémie. Des dons en argent, repas préparés, des campagnes de sensibilisation, des bénévoles pour désinfecter les lieux et établissements publics…, mais la solidarité ne s'exprime pas que par ces actions locales. Des habitants se sont lancés dans la fabrication de masques sanitaires pour les distribuer gratuitement à la population, aux hôpitaux et surtout les envoyer aux habitants de la wilaya de Blida. "Ces masques permettront de protéger les infirmiers, les médecins, les personnels soignants, agents municipaux de contact, les policiers, les pompiers, les bénévoles. Nous partageons notre temps entre la fabrication des masques et la sensibilisation. Nous sommes contents, car tout cela correspond à notre vocation, aider et consoler nos frères", confie cheikh Boualem, un enseignant de la région. Même si la vie à l'intérieur de ces villages est soumise à une réglementation stricte, telle que l'interdiction des visites familiales, le confinement systématique (volontaire), les femmes de ces villages kabyles ne restent pas en marge ; elles s'organisent en assurant à tour de rôle la préparation des repas pour les passagers, les ouvriers, les soignants et les nécessiteux. Elles vont aussi au secours des femmes enceintes. "Leur expérience en cette période est très importante. Les gynécologues sont à Bordj Bou-Arréridj ou à Akbou", dira Tassaadit, une jeune femme enceinte de 7 mois, résidant à Takroumbelt. Chaque jour, les habitants de ces communes innovent pour assurer l'autoconfinement et éviter la promiscuité, les bousculades et les files d'attente.