S'il est clair que la reprise est vitale pour permettre à ces espaces artistiques d'amorcer un tant soit peu les pertes engendrées par la pandémie de Covid-19, beaucoup reste encore à faire, et les galeristes semblent incertaines face au devenir de leurs galeries. Annoncée dernièrement par les autorités, la première phase du déconfinement en Algérie concerne les galeries d'art, les premières du secteur culturel à reprendre leurs activités. Rouvertes (partiellement) depuis dimanche dernier après une fermeture de plus de deux mois, la reprise est, sans conteste, difficile pour ces espaces qui avaient déjà du mal à survivre bien avant la crise sanitaire. S'il est clair que la reprise est vitale pour permettre à ces espaces artistiques d'amorcer, un tant soit peu, les pertes engendrées par la pandémie de Covid-19, beaucoup reste encore à faire, et les galeristes avec lesquelles nous avons pu prendre attache semblent incertaines face au devenir de leurs galeries. Entre le soulagement de la réouverture et l'inquiétude quant au devenir des galeries sur le long terme, beaucoup d'entre elles estiment que la crise n'a fait que dévoiler, finalement, la fragilité de leur profession. L'activité reprendra à partir du 14 juin du côté du Télemly où se trouve la galerie Ifru-Design d'Amel Bara-Kasmi, ou encore de la Galerie Aïda à Chéraga qui a ouvert ses portes dimanche dernier au public. Pour Amel Mihoub de la galerie Le Paon de Riadh El-Feth, une reprise en bonne et due forme (exposition, vernissage, accueil des artistes et des visiteurs, etc.) n'est pas envisageable avant septembre. Et même si l'espoir est permis, les propriétaires voient mal elles feraient fi de toutes les charges, de la crise financière qui est passée par là en 2019 et de l'inexistence d'un accompagnement qui leur permettraient de "survivre". Pour certaines galeristes, il est encore trop tôt pour accueillir des visiteurs dans un espace fermé. Loin d'être un "commerce" traditionnel, l'artiste a besoin de rencontrer son public, d'échanger et de partager autour de ses œuvres. À rappeler que durant le confinement, les concernées ont eu recours aux réseaux sociaux pour combler le vide culturel. Cette initiative a démontré l'importance de la communication digitale qui devient capitale en cette période pandémique. À cet effet, il est plus que jamais nécessaire de déverrouiller le marché de la vente en ligne, qui aurait été la bouée de sauvetage de ces espaces qui sont "en danger" et risquent une fermeture imminente. Face aux nombreux problèmes auxquels cette activité culturelle fait face, l'on pourrait se demander si leur seule réouverture est suffisante ? La pandémie lève le voile sur le marasme dans lequel vivent ces espaces, et met en évidence, plus que jamais auparavant, l'urgence de les sauver. La Covid-19 et ses répercussions se feront encore ressentir bien après la rentrée, comment alors amorcer des pertes et faire vivre les galeries — du reste très peu nombreuses sur le territoire —, leurs employés et les artistes qui vont encore devoir faire face à une situation qui risque bien d'achever la petite lueur d'espoir qui reste. Yasmine Azzouz