Seule une grande catastrophe contraindrait les responsables à inclure Tamdikt dans les projets de relogement. C'est du moins ce dont ses habitants sont convaincus. Dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire et de l'aide à la construction rurale, de nombreux programmes sont lancés ici et là. À Tizi Gheniff, où on parle de la restructuration des cités bidonvilles, les travaux de viabilisation sont en cours. Tamdikt (M'kira), datant de l'ère coloniale, n'est pas prise en compte en dépit de toutes les démarches entreprises par la population. Située sur la RN68 reliant la ville de Tizi Gheniff à la ville d'Isser, cette cité de regroupement présente un visage des plus hideux. Aujourd'hui, de loin, sont visibles les fissures causées par le séisme et les murs décrépis au fil des ans qui peuvent s'écrouler dès la moindre secousse tellurique aussi faible soit-elle. Quant aux conditions de vie dans ces vétustes cellules dépourvues de toutes commodités, elles frisent la misère. Ni eau potable ni réseau d'assainissement fiable. Les habitants de cette cité vivent dans une grande promiscuité, la plupart s'entassant à 5 et 6 personnes dans une seule pièce. Pour en savoir plus, nous nous sommes rapprochés d'un habitant du village. “Déjà pour obtenir notre agrément, il a fallu attendre trois longues années. Notre comité est indésirable chez les autorités.” Et d'ajouter : “L'histoire de cette cité est longue à raconter. Je peux vous dire que c'est la seule sur laquelle beaucoup d'encre a coulé sans pour autant trouver une solution. Nous avons mené de nombreuses actions. Et chaque fois, les autorités n'ont pas tenu leurs promesses. Je vous citerai au moins deux walis, M.Ouali, et l'actuel, M. Ouaddah, qui nous ont sont venus sur les lieux. Tous les deux ont donné leur parole, en vain.”Interrogé sur une éventuelle restructuration préconisée dans le cadre de l'habitat rural, notre interlocuteur n'est pas allé par quatre chemins : “La situation se complique davantage car si au début nous avons cru aux réponses des responsables, maintenant on commence à perdre espoir. Le cas de notre cité semble prendre une autre tournure. Parce que ce n'est plus un problème de foncier où le vis-à-vis est l'Etat mais, il s'avère que finalement le terrain d'implantation de nos habitations appartiendrait à des personnes privées. Et puis, ils ne veulent pas le céder car ils exigent une grosse somme.” Ainsi, même si les élus locaux nous ont à maintes reprises annoncé que le cas de Tamdikt était en cours de régularisation, à entendre les habitants, la situation n'est pas aussi facile à régler. Il y a lieu de signaler au passage qu'à ce niveau, aucun habitant n'a bénéficié de même pas une tente. Selon notre interlocuteur, certains habitants avaient opté pour bâtir sur leurs propres terres. Quant à la situation des 120 familles restantes, elle va de mal en pis surtout à l'approche de l'hiver tant redouté pour sa rudesse. “En tout cas, rien ne sera fait ici avant qu'une catastrophe ne se produise”, est l'appel que lancent les Tamdiktois en direction des plus hautes autorités du pays. Avant de quitter cette localité, les membres du comité de village nous ont demandé de souligner leur calvaire et l'atteinte portée à leur encontre aux jeunes par le débit de boissons alcoolisées ouvert sur la RN68. “C'est un problème qui nous empoisonne la vie plus que les autres. Cent-vingts personnes avaient signé une pétition envoyée à l'APC, à la daïra et à la wilaya pour délocaliser ce débit de boissons. Aucune réponse à ce jour.” O. Ghilès